Bien que Genève regorge de banques, on entend rarement parler de son mont-de-piété: la Caisse publique de prêts sur gages (CPPG) (www.ge.ch/prets_sur_gages). L’établissement est unique en Suisse romande. Il attire celles et ceux qui éprouvent des difficultés passagères à joindre les deux bouts, mais aussi des gens plus aisés. «Un retraité en attente du versement de sa rente, une dame qui a perdu son porte-monnaie, quelqu’un qui doit faire face à une visite imprévue, une femme de la bonne société sans argent pour le week-end…» relève Monsieur Métrailler, l’administrateur délégué, avant d’ajouter: «Il arrive même que les services sociaux suggèrent aux gens de venir nous voir.» Il se félicite par ailleurs du recours possible à cette formule (lire encadré) pour se sortir d’une mauvaise passe: «Notre volonté, c’est de dépanner les gens, pas de faire des bénéfices.»
Il faut savoir que la caisse ouvre ses guichets à toute personne domiciliée en Suisse, majeure et munie d’une pièce d’identité, sans égard à sa nationalité et à sa situation financière. Certains clients font donc le voyage des autres cantons.
Une mission sociale
L’utilité publique de la CPPG n’a jamais été remise en question. Le fait que plus de 90% des objets déposés soient récupérés prouve que cette forme de crédit permet d’atténuer la détresse financière. En outre, le déposant est toujours avisé, cas échéant, de la mise en vente du gage. Mieux encore: si la vente rapporte plus que le montant de la dette, le solde tombe dans l’escarcelle du déposant. Dans le cas inverse, la caisse perd de l’argent.
Les banques n’ont pas à craindre la concurrence de l’institution, car la démarche pour obtenir un prêt à la consommation reste plus compliquée: un formulaire à compléter, une vérification de surendettement, une somme minimale, des poursuites jamais exclues, entre autres.
Tordre le cou aux usuriers
Ne devient pas prêteur sur gage qui veut. En effet, les cantons décident seuls à qui délivrer une autorisation, en vertu des articles 907 à 915 du Code civil suisse. Créée en 1872, la Caisse genevoise fonctionne sous le contrôle et avec la garantie de l’Etat, qui approuve les taux d’intérêt. Zurich et Lugano, les deux autres monts-de-piété du pays, fonctionnent eux aussi sous l’égide du gouvernement.
Massimo Oberti
Rapide et discret
Pour obtenir un prêt immédiat, le client doit amener un objet de valeur aisément vendable, dont il est propriétaire: un bijou (le cas le plus fréquent), une montre, de l’or, de l’argenterie, un appareil-photo, du matériel hi-fi.... En échange, il obtient 10% de la valeur à neuf de l’objet. Accordé pour trois, six ou douze mois, le prêt est renouvelable plusieurs fois, moyennant le versement d’un acompte, qui couvre les frais et rembourse une partie de l’emprunt. Mais c’est loin d’être donné! Un droit fixe de 6% du prêt, prélevé une seule fois, paie les frais de dossier, la garde, l’expertise et l’assurance. Les prêts jusqu’à 200 fr. sont gratuits. Le taux d’intérêt annuel s’élève à 5% (en plus du droit fixe) pour les montants entre 201 fr. et 500 fr. et à 8,5% pour les sommes de plus de 500 fr.