On n’achète pas une montre de luxe suisse comme on acquiert un narguilé au Grand Bazaar d’Istanbul. Pourtant, dans les deux cas, le montant peut être le plus souvent négocié et le rabais conséquent. Ainsi, 22 des 24 revendeurs officiels suisses et français des marques Longines, Omega, Ebel ou Jaeger-LeCoultre que nous avons contactés par téléphone ont accepté d’entrer en matière sur leurs prix de vente (qui correspondaient toujours à ceux recommandés par la marque). Et la démarche n’a même pas été délicate: il a suffi d’une simple question – «Votre prix est-il fixe ou négociable?» – pour que plusieurs d’entre eux nous proposent aussitôt, sans paraître surpris, un rabais de 10%. Ce dernier a été souvent, mais pas toujours, lié à un paiement cash. D’autres interlocuteurs nous ont indiqué qu’il fallait venir discuter au magasin. Seules deux boutiques parisiennes nous ont répondu négativement.
Poser la question vaut donc le coup. La sollicitation prend trois secondes, le risque de provoquer une réaction désagréable du vendeur est faible et l’économie potentielle alléchante. Elle peut atteindre par exemple près de 600 fr. pour une Ebel Classic Lady (5700 fr.) et plus de 400 fr. pour une Jaeger-LeCoultre Reverso Dame (4050 fr.) ou une Omega Speedmaster Moonwatch (4100 fr.). (Voir tableau).
Acheter sa montre en France?
En raison de la faiblesse de l’euro face au franc suisse ainsi que de la possibilité de détaxer l’objet de la TVA française (19,6%), nous nous sommes aussi demandé s’il était financièrement intéressant d’acquérir sa montre de luxe helvétique en France voisine. Nous avons donc fait le calcul en nous basant sur les prix recommandés de quatre modèles pratiqués par les revendeurs agréés dans les deux pays (voir tableau).
Dans un premier temps, nous avons comparé les prix recommandés, en déduisant la TVA française et en ajoutant celle suisse (8%) pour l’achat en France. A noter que la plupart des revendeurs français contactés ont accepté d’appliquer la détaxe sans prélever de frais, comme l’autorise la loi.
Dans un deuxième temps, nous avons comparé les prix, en déduisant, en sus, le rabais de 10% proposé par de nombreux commerçants.
Dans les deux cas de figure, et pour tous les modèles, le coût final est inférieur en France. L’économie peut dépasser 500 fr. pour la Classic Lady d’Ebel, mais se révèle plus modeste pour les autres montres, du moins si l’on est honnête. On peut en effet être tenté de passer la frontière sans annoncer sa marchandise à la douane suisse, dans le but d’économiser la TVA (8% de la valeur HT française). Mais gare à l’amende, qui atteint deux fois le montant éludé! Si la taxe sur la valeur ajoutée atteint, par exemple 350 fr., le contrevenant devra s’acquitter de cette somme et d’un surplus de 700 fr.
Attention encore! Dans le cas d’un achat à l’étranger, il faut aussi tenir compte du coût du déplacement, ce que nous n’avons pas fait dans notre tableau, si celui-ci est effectué dans le seul but d’acheter l’objet.
Les durées de garantie, elles, sont identiques de part et d’autre de la frontière et la montre peut être remise pour réparation chez n’importe quel revendeur officiel, même si la montre ne provient pas de son magasin.
Sébastien Sautebin
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.