Après des mois de régime et d’exercice physique intenses vous avez enfin atteint le poids idéal? Nous devons malheureusement vous annoncer qu’il y a de fortes chances pour que votre balance vous ait trahi. A moins qu’elle ne soit parmi les cinq appareils sur vingt-deux qui ont obtenu l’appréciation «très bon» dans notre test (cf. tableau, pp. 16-17). Car ces appareils, censés mesurer vos kilos aux 100 g près, manquent souvent de précision.
Pour vous aider à les jauger à leur juste poids, Bon à Savoir a soumis les 22 pèse-personnes les plus vendus en Suisse à Albert Flory. La tâche du vérificateur des poids et mesures du canton de Zurich fut d’évaluer leur précision et leur aspect pratique.
Notre test a porté sur sept pèse-personnes mécaniques avec affichage analogique. Ils indiquent le poids comme une montre, à l’aide d’une aiguille. Les autres modèles testés sont digitaux. Ils affichent le poids sur un écran à cristaux liquides (LCD) ou lumineux (LED).
Les phases du test
La précision a été mesurée grâce aux examens suivants:
Les modèles analogiques sont, quant à eux, toujours un peu moins précis que les digitaux, car leur plus petite unité de mesure est de 500 g (1 kg pour la Terraillon). Si on ajoute à cela une imprécision de plus d’un kilo, la balance n’est plus fiable. C’est pourquoi M. Flory a classé la T380 parmi les «insuffisants».
La Medica ne digère pas non plus une charge mal répartie. Selon la jambe d’appui de l’utilisateur l’indication peut s’écarter de 2,5 kg du véritable poids. Note: «insuffisant».
Le fabricant ne s’explique pas ces mauvais résultats: «Jusqu’ici, nous n’avions reçu aucune réclamation pour ce modèle», écrit Joachim Haubold, responsable pour l’exportation au siège allemand de Soehnle.
Mode d’emploi indispensable
Côté pratique, le contrôleur des poids et mesures a également noté des performances disparates.
Conseils d’achat et d’utilisation
Jamais sur un tapis moelleux
A l’achat et lors de l’utilisation d’un pèse-personnes, il est bon de veiller à certains points:
A l’achat:
- L’indication de poids est-elle lisible?
- Pour porteurs de lunettes: les chiffres sont-ils lisibles sans lunettes?
- La surface de pesée est-elle agréable lorsqu’on se pèse pieds nus?
- Pour personnes d’un certain poids: choisir une balance avec une limite plus élevée, car il ne faut pas constamment la soumettre au poids maximal.
- La surface est-elle facile à nettoyer?
Emplacement:
- Ne jamais poser le pèse-personnes sur un tapis moelleux, épais.
- Eviter de poser la balance sur un sol à surface irrégulière, par exemple en pierre naturelle. La surface doit être lisse et droite.
Se peser:
- Si possible, contrôler son poids toujours avec le même appareil.
- Se peser si possible le matin, avant le petit-déjeuner, pour obtenir des valeurs comparables.
- Avec des balances à affichage analogique: régler l’appareil sur zéro avant chaque pesée.
Nouveauté avec de bien maigres résultats
Mesurer sa graisse à domicile: illusoire
Depuis quelques mois, à grand renfort publicitaire, un nouvel attrape-gogo est arrivé sur le marché: des appareils à mesurer la graisse. Selon les fabricants, ils renseignent en «quelques secondes» et «sans l’aide de personne» sur votre état physique. Mais pour en avoir le cœur net, il faut mettre le prix – entre 180 et 370 francs!
Ce que les vendeurs ne mentionnent pas, c’est le manque de fiabilité total de leurs engins. «Ils sont inutilisables, superflus et peut-être même dangereux», note ainsi Kurt Laederach-Hofmann, directeur de la Division de psychosomatique et de médecine psychosociale à l’Hôpital de l’Ile à Berne. Il juge ces appareils dangereux pour les victimes de troubles nutritionnels, tels que l’anorexie et la boulimie.
Exemple: des gens en forte insuffisance pondérale ont souvent un corps déshydraté, car ils ne boivent pas assez, font du sport voire prennent des diurétiques. Mais cette balance à graisse leur indiquera peut-être qu’ils en ont une part relativement élevée. Ce qui pourrait les pousser à maigrir encore davantage!
Avis partagé par Yves Schutz, professeur à l’Institut de physiologie et de nutrition à l’Université de Lausanne. Il a en effet constaté des imprécisions de mesure allant de 10 à 30% selon le poids des personnes. Selon lui, le problème principal réside dans le fait que ces appareils se basent sur le poids moyen de la population.
Comment ça marche
Les appareils, ressemblant à une balance ordinaire, fonctionnent selon la méthode dite de bio-impédance: deux électrodes sont fixées sur les mains. Elles envoient du courant à faible tension à travers le corps. La bio-impédance se fonde sur la différence de conductibilité entre l’eau et la graisse. La résistance plus ou moins forte rencontrée par le courant cheminant à travers le corps permettrait de calculer la teneur en graisse, affichée ensuite sur ce type de balance très particulier.
Cependant, les appareils vendus au grand public peinent à différenciier eau et graisse, comme le montre un test réalisé par l’émission de radio DRS Espresso: ils confondent un ventre rempli de thé avec une masse musculaire. Le résultat obtenu varie donc selon qu’on se mesure le matin au réveil ou après le dîner. De plus, la température de l’air et de la peau sur laquelle on fixe les électrodes influencent les mesures, tout comme le fait d’avoir suivi un entraînement physique juste avant l’évaluation.
Il est donc illusoire de vouloir mesurer sa graisse à domicile. Seuls des appareils professionnels, utilisés dans les hôpitaux et valant plusieurs milliers de francs, sont fiables. Ils permettent de mesurer différentes fréquences. Afin d’éviter des interprétations erronnées, on fixe une électrode sur une main et une autre sur un pied. Et les mesures sont toujours effectuées en position couchée, dans les mêmes conditions et sous surveillance médicale.
Les fabricants réfutent tous ces reproches. Dans une prise de position suite à l’émission Espresso, l’un d’entre eux note: «Nous ne pouvons expliquer les résultats de mesure divergents que par une approche non scientifique des recherches.» Un autre argue disposer «d’études d’universités et de professeurs de renom, démontrant notamment la précision de notre méthode d’une main à l’autre».
Quant aux dangers évoqués pour les anorexiques, un fournisseur rétorque: «Les personnes victimes de troubles nutritionnels devraient être prises en charge par les médecins.» Kurt Laederach-Hofmann ne peut qu’approuver cette dernière remarque. Mais pour le reste, il désapprouve et constate: «La seule chose sûre, c’est que ces appareils sont satisfaisants pour les entreprises qui les commercialisent. Car ils leur font gagner de l’argent.»
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