La plateforme Netflix vient d’arriver avec fracas dans certains pays européens, dont la France, l’Allemagne et, surtout, la Suisse. Mais que vaut réellement cette nouvelle offre censée bouleverser le marché actuel? Est-elle suffisamment convaincante pour décourager les utilisateurs de télécharger du contenu disponible illégalement?
Face à la concurrence
Le système américain est novateur du fait qu’il propose des abonnements mensuels fixes permettant de visionner un nombre illimité de films et de séries. Les prix varient selon trois forfaits résiliables à tout moment. Ceux-ci coûtent mensuellement 11.90 fr. (un écran, pas de haute définition), 12.90 fr. (deux écrans simultanément, HD) et 17.90 fr./mois (quatre écrans, HD). Le catalogue est identique pour les trois et dispose, à l’heure actuelle, d’environ 400 films, 40 documentaires et 150 séries.
Une grande partie des œuvres est disponible en version originale sous-titrée (anglais, français, allemand) ou doublée (français, allemand). «L’offre augmente régulièrement, précise le porte-parole Heiko Geibig. Nous allons ajouter beaucoup de titres en octobre et ces prochains mois.» L’entreprise dit «ne pas avoir planifié d’augmentation future du prix de l’abonnement», et cela même si le catalogue grandit.
Seul UPC Cablecom dispose d’un produit réellement comparable. Il s’agit de MyPrime qui contient environ 280 films et 40 séries pour 9.95 fr./mois avec, comme condition, être client chez l’opérateur. Mais tout n’est pas disponible en français. «Il y a actuellement 11 séries dans cette langue, mais nous allons augmenter ce nombre dans les prochaines semaines, explique le câblo-opérateur. De plus, nous avons environ 100 films en français dans notre offre MyPrime. Nous l’étoffons chaque jour et disposerons de plus de 10 000 titres d’ici à la fin de l’année.»
En Suisse, les autres produits de vidéo à la demande (VOD) ne sont pas vraiment comparables, car ils fonctionnent sur un principe de location à l’unité avec des prix variant de 2 fr. à 6 fr. l’épisode ou le film. Dans ce domaine, les principaux prestataires sont HollyStar, SwissTV et les opérateurs Sunrise et Swisscom.
Diffuser sur la TV?
Netflix fonctionne via un accès internet, soit par le site www.netflix.com, soit par une application spécifique. On peut facilement l’utiliser depuis un ordinateur, une tablette ou un smartphone, et cela en disposant d’une connexion d’entrée de gamme avec un débit de 5 Mbit/s, par exemple. Mais comment regarder ces contenus sur sa bonne vieille TV?
Il existe plusieurs méthodes. Les télévisions les plus récentes se connectent à internet et à la plateforme sans aucune manipulation supplémentaire. Pour des appareils plus anciens, il convient de brancher un boîtier intermédiaire, comme une console de jeu, un lecteur Blu-ray ou encore un décodeur. Il est également possible de relier son ordinateur à la télévision.
L’avantage de ce nouveau prestataire est qu’il est indépendant de l’opérateur, puisqu’il est accessible depuis n’importe quelle liaison internet. Les offres de la concurrence, que ce soit Cablecom et peut-être prochainement Swisscom ou Sunrise, nécessitent qu’on soit abonné au service de base.
Les points faibles
Si ce nouveau produit a beaucoup d’atouts, il n’est de loin pas parfait. Signalons premièrement que le catalogue suisse est encore maigre comparé à ceux des pays anglophones. On ne trouve pas, par exemple, des films sortis récemment ou certaines séries américaines phares comme Game of Thrones, True Detective ou encore House of Cards pourtant produite par Netflix. Aux Etats-Unis, le tableau est autrement plus alléchant: environ 100 000 titres sont disponibles en HD pour 8.99 $ par mois!
La gestion des données privées par le géant américain inquiète également certains observateurs. Le système exploite en effet les préférences et les choix des utilisateurs pour proposer du contenu ou soutenir ses enquêtes marketing. L’entreprise jure ne pas divulguer d’informations privées à des tiers et teste un mode de visionnage «privé» pour faire face à ces critiques.
Signalons, enfin, que la société offre le premier mois gratuit à tout utilisateur qui a la possibilité de résilier avant la fin de la période d’essai. Attention, toutefois, car il est nécessaire d’indiquer son numéro de carte de crédit. Or, la facture est automatiquement débitée à l’issue du mois si l’abonnement n’a pas été annulé.
Loïc Delacour