Les statistiques parlent d’elles-mêmes: sur les pistes, quatre accidents sur cinq sont imputés à une mauvaise estimation de la direction à prendre par le skieur. Et que les contours de la piste se perdent dans le brouillard ou dans l’aveuglante lueur du soleil, le résultat est le même. Même un œil d’aigle se ferme lorsque des cristaux de glace viennent l’agresser, ou se met à larmoyer dans la bise glacée. Dans ce contexte, de bonnes lunettes font partie de l’équipement de base du skieur – ou du snowboarder.
Mais on ne cherche pas seulement à se protéger contre les agressions visibles: réfléchis par la neige, les rayons UV sont particulièrement méchants et peuvent entraîner des conjonctivites, voire des lésions du cristallin ou de la cornée. Des lunettes adaptées à un usage en montagne auront donc des verres aussi foncés que possible (de tels verres sont signalés par la mention «Catégorie 3»), et capables d’absorber 100% des rayons UV de tous types (UV-A et UV-B).
Deux paires plutôt qu’une
Evidemment, une telle paire de lunettes risque de ne pas faire votre affaire par brouillard ou tempête de neige. «En fait, on a besoin de deux types de lunettes sur les pistes: une paire pour le beau temps et une paire pour les mauvaises conditions», résume Wolfgang Fritz, marketing manager chez Carrera.
Bien, mais laquelle utiliser, et quand? Nous avons testé 14 paires de lunettes – neuf modèles pour adultes et cinq pour enfants – en nous attachant en particulier à voir si l’utilisation par beau ou mauvais temps était clairement indiquée. Déception: la mention ne figure que sur une paire sur deux, que ce soit sur l’emballage ou sur la notice. Visiblement, aucun fabricant n’a de surcroît pensé à un symbole imprimé sur l’emballage… En conséquence, aucune lunette n’obtient la mention «Très bien» pour ce critère.
Verres interchangeables
«De toute façon, un tel symbole induirait plutôt en erreur, objecte Wolfgang Fritz. Il fait rarement le même temps toute la journée.» Vraiment? Carrera a pourtant repris l’idée des symboles météo, mais ceux-ci ne figurent que dans la notice, visible par l’acheteur qu’après son achat. Ce qui ne vaut à la marque qu’un «Bon» pour ce critère.
Manor et sa marque Pulp, de même qu’Alpina, semblent en revanche décidés à tenir compte de ce détail, et ont affirmé à Bon à Savoir qu’à l’avenir, une mention explicite des conditions météo figurerait sur la boîte. Alpina a d’ailleurs apporté au problème une solution patentée: son modèle pour enfants Vario Scout comprend deux verres interchangeables par deux boutons pression. Ce modèle n’a toutefois pas été testé par Bon à Savoir.
Filtration UV insuffisante
Quant à la protection UV, testée par l’Office fédéral physique et technique à Braunschweig (Allemagne), elle ne convainc pas partout. Ainsi, les modèles Oakley et Bollé, si populaires parmi les jeunes, ne filtrent pas 100% des dangereux rayons ultraviolets. Verdict: insuffisant, d’autant que le modèle Oakley Frame est le plus cher du test. Interpellée à ce sujet, la représentante suisse de la firme Oakley a précisé qu’«une étude du comportement des jeunes consommateurs sur plusieurs années montre que certains d’entre eux portent des lunettes indiquées pour mauvais temps même lorsqu’il fait beau.» La marque indique avoir développé un nouveau modèle filtrant 100% des UV. Ce que font toutes les autres lunettes testées.
Enfin, tous les modèles du test satisfont aux exigences de solidité, et aucun verre ne cause de reflets susceptibles de gêner la vision du skieur ou du snowboardeur.
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