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Bon à Savoir 04-2011
04.05.2011
Dernière mise à jour:
20.03.2023
Sébastien Sautebin
Dans un numéro récent de Coopération (N° 8/2011), Christoph Widmer, responsable marketing des fruits et légumes chez Coop, explique que «de longs transports n’impliquent pas forcément un mauvais écobilan des produits». Et l’auteur de prendre les asperges en exemple. La production suisse ne suffisant de loin pas à couvrir la demande nationale, les grands distributeurs se sont tournés vers les maraîchers européens et le Pérou, premier exportateur mondial. Mais Coop (comme Migr...
Dans un numéro récent de Coopération (N° 8/2011), Christoph Widmer, responsable marketing des fruits et légumes chez Coop, explique que «de longs transports n’impliquent pas forcément un mauvais écobilan des produits». Et l’auteur de prendre les asperges en exemple. La production suisse ne suffisant de loin pas à couvrir la demande nationale, les grands distributeurs se sont tournés vers les maraîchers européens et le Pérou, premier exportateur mondial. Mais Coop (comme Migros d’ailleurs) s’est vite retrouvé face au problème du transport par avion qui présente de grosses nuisances en termes d’émissions de CO2. Le distributeur a trouvé la parade et fait désormais venir des asperges blanches, plus résistantes que les vertes, par cargos réfrigérés sur 13 000 km. «Malgré ce long voyage, les asperges d’Amérique du Sud ne présentent pas un plus mauvais écobilan que celles du sud de l’Europe généralement transportées par camion», justifie le responsable des fruits et légumes. Cette affirmation se base sur une étude de l’EPFZ), dont les chiffres donnent raison à Christoph Widmer.
Acheter indigène
Dans son texte, ce dernier oublie toutefois de préciser que les asperges suisses ont un bilan climatique encore meilleur! Un constat qui n’avait pas échappé à l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Sur son site, l’OFEV en tire même une règle pour les consommateurs: «Toute personne soucieuse du climat patientera jusqu’en mai avant de mettre des asperges à son menu.» C’est en effet à cette date qu’apparaissent les asperges indigènes «dont le voyage est le plus court et le bilan climatique le meilleur, avec un demi-kilo de CO2 par kg de légume» (contre 12 kg pour l’avion et un 1 kg pour le bateau). Certes les asperges suisses sont rares, mais une étude de l’Association Climatop donne aussi un léger avantage aux hongroises et aux allemandes face à leurs cousines péruviennes arrivées par cargo.
Et puis l’idée d’abandonner les très polluants transports en avion pourrait être saluée si Coop ne persistait pas à faire venir des asperges vertes par ce moyen. A sa décharge, le détaillant compense les émissions de CO2 en finançant des projets du WWF, et met en place une production plus proche, au Maroc. Il reste à souhaiter qu’elle nécessitera moins d’eau qu’au Pérou. Certaines ONG affirment, en effet, que ces cultures intensives diminuent dangereusement le niveau des nappes phréatiques dans ce pays.
Sébastien Sautebin