Deux poses de 20 minutes, qui se révèlent durer cinq minutes effectives et plus d’une vingtaine de kilomètres parcourus à pied dans les longues travées d’un dépôt surveillé de près par des managers tyranniques. Voilà une journée de travail d’un «pickeur», soit un employé d’Amazon chargé de récupérer livres, DVD ou autres dans les rayons d’une immense usine de stockage, avant l’envoi aux clients. Le journaliste Jean-Baptiste Malet a infiltré l’usine française de Montélimar du géant américain. Son livre En Amazonie, sorti au début de l’été, raconte les conditions peu flatteuses des «petites mains» travaillant dans l’ombre du site internet populaire.
Des enquêtes similaires avaient déjà écorché l’image du géant en 2008 et en 2011 aux Etats-Unis. L’entreprise est aussi critiquée outre-Manche pour ne payer que 3,45 millions d’impôts, alors que son chiffre d’affaires atteindrait 4,2 milliards. La coupe est pleine pour de nombreux clients qui souhaitent se tourner vers d’autres sites permettant la commande de livres via internet. Tout Compte Fait s’est donc intéressé aux services disponibles en Suisse dans ce secteur en particulier (voir tableau).
Offre étendue et concurrentielle
L’alternative existe bel et bien, puisque quatre sites web proposent un large inventaire de livres, le tout à des prix corrects. Pour notre sondage comparatif, nous avons sélectionné deux titres populaires parus ce printemps: le polar islandais Etranges Rivage ainsi que le roman français Je vais mieux.
Payot.ch propose le premier ouvrage à 28.70 fr. A titre de comparaison, le même produit commandé sur amazon.frcoûtera 27.95 fr. avec les frais de port, soit 75 ct. de moins. La différence est un peu plus grande pour le second livre – 31.05 fr. à ex libris et 27.95 fr. sur Amazon – mais elle reste raisonnable.
Comparées à d’autres prestataires étrangers, ces quatre plateformes locales sont même, parfois, plus avantageuses. Ainsi, si l’on commande l’un des deux ouvrages sélectionnés depuis l’adresse française chapitre.com, la facture s’élève à plus de 40 fr., du fait notamment de frais de port importants (17.30 fr.). De plus, les librairies en ligne suisses ont généralement des délais de livraison plus courts.
Conditions de travail en suisse
Si le prix ne change que peu, qu’en est-il des conditions de travail? Car, si l’éthique ne semble pas être le fort du géant américain, difficile de savoir précisément comment sont traités les employés de chacune des entreprises concurrentes helvétiques. Une chose est sûre: ces dernières sont tenues de respecter le droit du travail de notre pays.
Ex libris, qui appartient à Migros, rappelle que ses employés bénéficient de la convention collective de la Fédération des coopératives Migros, avec cinq semaines de vacances par année, un salaire minimum garanti et une réglementation claire concernant les heures supplémentaires.
Membre de l’Association suisse de vente par correspondance, cede.ch déclare, pour sa part, prendre au sérieux sa responsabilité sociale envers ses collaborateurs. L’entreprise basée à Winterthour emploie une cinquantaine de personnes et possède également un stock. Elle estime que tous les articles sur Amazon ne sont pas forcément meilleur marché, mais qu’il est parfois difficile d’être compétitif du fait de salaires plus élevés à l’intérieur de nos frontières.
Loïc Delacour
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.