Avec le retour du froid, la guerre contre le dessèchement de la peau a recommencé. D’après les dermatologues, une personne sur trois est touchée par des problèmes de peau trop sèche. Et les personnes âgées en souffrent encore plus par temps sec et froid.
Les consommateurs concernés tentent, à l’aide de pommades et de crèmes, d’atténuer un tant soit peu les tensions désagréables de la peau. Pour ce faire ils sont prêts à mettre le prix: durant ces douze derniers mois, les Suisses ont déboursé 40 millions de francs pour des lotions corporelles! Il y a trois ans encore, cette somme n’atteignait pas les 25 millions. Ces chiffres signifient que les Helvètes sont non seulement toujours plus nombreux à consommer ces produits, mais aussi qu’ils paient de plus en plus cher pour la même marchandise…
Mélanges d’eau et d’huile
A la base de ces produits, il y a deux types d’émulsion:
• L’«huile dans l’eau», comme l’appellent les chimistes, est un savant mélange d’eau dans laquelle on dilue un grand nombre de gouttelettes d’huile. Les produits qui en découlent ont le gros avantage d’être faciles à étaler et de pénétrer rapidement dans la peau. Par contre, leur effet hydratant est de courte durée.
• A l’inverse, l’«eau dans l’huile» contient principalement de l’huile, à laquelle sont ajoutées des gouttes d’eau… Les crèmes de ce type sont donc plus grasses et offrent une plus longue protection contre le dessèchement. Elles sont en revanche plus difficiles à appliquer et pénètrent moins bien dans la peau. Les fabricants utilisent souvent le terme de lait pour nommer leurs produits gras, comme on peut le voir dans le tableau du test.
Bon à Savoir a testé onze laits corporels recommandés pour les problèmes de peau sèche. Les grandes marques, comme les moins connues, ont été prises en compte. En plus d’un test pratique d’utilisation et d’efficacité, des analyses ont été effectuées afin de déceler d’éventuelles traces de produits toxiques.
Phases du test
• Lors du test pratique, l’institut de recherche allemand Dr. Schrader a fait essayer les onze lotions à des «cobayes» humains à peau sèche. Ils devaient évaluer la consistance des crèmes lors de l’application et la facilité à les étaler, la rapidité de pénétration dans la peau, la
viscosité, l’effet graissant et l’effet hydratant.
Les testeurs ont commenté l’efficacité de chaque produit directement après l’application, puis trois et six heures plus tard. Ils ont enfin jugé l’aspect et la consistance de leur peau deux semaines après l’application.
Ils ont aussi comparé les promesses publicitaires figurant sur les emballages (du genre «pénètre rapidement») avec leurs expériences après l’utilisation…
• Les analyses du laboratoire Wiertz-Egger-Jörissen ont, quant à elles, porté sur la détection de métaux lourds, le plomb et le mercure, ainsi que sur d’éventuels produits musqués polycycliques.
Résultats
Les testeurs ont attribué de bonnes, et parfois très bonnes notes à la plupart des produits. Le Lait hydratant pour le corps de Garnier n’a même obtenu que des mentions «très bon». Il aurait donc été en tête du classement, s’il n’avait pas contenu de musc polycyclique, qui lui a valu une dépréciation de deux catégories, passant de «très bon» à «satisfaisant».
L’Oréal Nutrilift et Vichy Lipidiose 1 sont dès lors les deux seules émulsions à avoir reçu la mention «très bon». Leur prix élevé ternit toutefois ce beau score.
Les trois suivants – Dove Nutri Care Body Milk, Jana Lait hydratant pour le corps et Nivea Body Milk – offrent un meilleur rapport qualité-prix.
Les testeurs étaient unanimes sur un point concernant le Palmolive Lait corporel au lait et miel: ils n’ont pas apprécié sa consistance (difficile à étaler), ni sa lenteur de pénétration.
Substances nocives
Les analyses en laboratoire n’ont montré aucune trace de métaux lourds et de produits nitro-musqués. Par contre, deux lotions contenaient du galaxolide et du tonalide, des composés musqués polycycliques. Ces substances, servant à parfumer le produit, avaient une concentration dépassant les 100 mg/kg. Commentaire de Volker Mersch-Sundermann, chercheur dans le domaine du musc polycyclique: «On ne devrait pas utiliser de crèmes qui contiennent de pareilles doses de composés musqués polycycliques.» Le produit de Garnier (qui en contenait plus de 100 mg/kg) et celui de Palmolive (370 mg/kg) ont donc été déclassés.
Les composés polycycliques musqués et surtout nitro-musqués empoisonnent la faune aquatique, car ils sont déversés en grande quantité dans la mer. Il a été démontré que ces substances peuvent modifier le patrimoine héréditaire et endommager le système nerveux. On soupçonne également le musc polycyclique de causer des dommages au foie. Tous les composés musqués ont une longue durée de vie et s’accumulent dans la graisse, y compris celle des êtres humains. En effet, à cause de leur utilisation immodérée dans les industries cosmétiques, textiles et dans les produits nettoyants, on en trouve désormais non seulement dans les tissus graisseux humains, mais même dans le lait maternel.
Rolf Muntwyler / yac
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