Après le violent orage de 2008 et les bourrasques qui ont chahuté les cours boursiers les années suivantes, 2013 se caractérise par une belle progression globale des indices. De quoi attirer de nouveau les néophytes pour lesquels l’aventure boursière est désormais à portée de clic, grâce aux sites de trading en ligne. Mais quel montant faut-il pour débuter? Si la question est simple, la réponse l’est un peu moins.
Les frais de courtage
Paul Coudret, auteur du récent ouvrage «Comprendre la Bourse… pour y réussir» (lire encadré «L'expert vous répond»), estime qu’il faut au moins 10 000 fr. Pourquoi ce montant? D’abord, parce qu’il s’agit de diversifier ses investissements pour limiter les risques de perte. Paul Coudret préconise ainsi d’acquérir cinq à six positions différentes, avec une majorité d’actions pour les stratégies les plus agressives. Ensuite, parce qu’«il faut investir un minimum dans chaque position pour pouvoir profiter des hausses». En effet, plus le montant investi est faible, plus le gain éventuel sera mangé par les frais de courtage (lire encadré).
Un élément auquel le néophyte ne songe pas toujours et sur lequel insiste Guy Charlet, analyste et gérant de fonds à la Banque Piguet Galland: «Il n’y a pas vraiment de montant défini pour commencer en Bourse, mais, ce qui est sûr, c’est qu’il y a des frais non négligeables et qu’il faut que les montants investis soient suffisants pour compenser ces charges.»
Si l’on compte effectuer soi-même son trading sur internet, il fait donc sens de comparer au préalable les différentes plateformes et d’en choisir une dont les tarifs de droits de garde et les frais de courtage sont bas (lire «Des frais qui vont de 1 à 12!» TCF 2/2013*).
Guy Charlet partage l’analyse de Paul Coudret sur l’intérêt de diversifier son portefeuille pour amortir le risque. En revanche, l’investissement qu'il suggère est plus élevé: une douzaine de positions à raison de 5000 fr. à 10 000 fr. chacune, soit au moins 60 000 fr.
La piste des ETF
Mais on peut aussi se lancer avec un montant plus bas. Là, si l’on souhaite limiter le risque, Guy Charlet précise qu'on peut songer aux fonds de placement ou aux ETF. Ces derniers sont des fonds de placement particuliers qui ont pour objectif de reproduire l’évolution d’un indice boursier, ce qui diminue le risque de mauvaises surprises. Pour cela, leurs actifs sont constitués des valeurs qui composent l’indice (lire «ETF, vous avez dit ETF?» TCF 12/2009). En contrepartie, n’attendez pas de miracle: avec cette gestion dite passive, vos éventuelles plus-values reproduiront au mieux la hausse de l’indice, par opposition à la gestion active où l’investisseur va s’efforcer de les battre grâce à des achats judicieux. Les frais, en revanche, sont nettement plus bas.
1000 fr. pour spéculer
Mais, finalement, vaut-il mieux renoncer à se lancer en Bourse si l’on n'a pas 5000 fr.? Marc Bürki, CEO de Swissquote, affirme qu’on peut tout à fait commencer avec 100 fr., tout en concédant que, avec un montant aussi faible, les plus-values éventuelles seront moindres! A Swissquote, le dépôt moyen de la clientèle est d’ailleurs de 50 000 fr., mais son directeur estime qu’on peut spéculer avec un montant bien inférieur: «il est tout à fait possible, par exemple, d’investir 1000 fr. dans des actions de Logitech pour parier sur la réussite de la restructuration entamée par cette entreprise, avec un gain potentiel de 40%.» Mais on parle alors clairement de spéculation, avec le risque d’y perdre sa chemise. Si l’on opte pour une stratégie de diversification, Marc Bürki estime, lui aussi, qu’il faut au moins 20 000 fr. répartis sur quatre à cinq positions. En veillant, toutefois, à ne pas trop diluer, sinon «autant investir le montant global sur un ETF».
Sébastien Sautebin
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L'expert vous répond
Paul Coudret, conseiller économique
Après une longue carrière dans le journalisme financier, notamment à L'Agefi, au Journal de Genève et au Temps, Paul Coudret a réorienté sa carrière vers la banque. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation financière, notamment «Comment déclarer ses impôts» et «Comment investir votre argent» aux Editions Plus. Il vient de publier «Comprendre la Bourse... pour y réussir», aux Editions Extenso, Paris.
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L’incidence des frais de courtage
Imaginons qu’un investisseur achète six actions à 100 fr. de la société Z. Le titre grimpe de 10% à 110 fr., induisant une plus-value brute de 60 fr. Si les frais de courtage se montent à 20 fr. à l’achat et à la vente, soit 40 fr. au total, les deux tiers du gain lors de la vente sont mangés par les frais et il ne reste que 20 fr. de bénéfice net, sans parler des droits de garde annuels!
Si l’investissement passe à 2000 fr. le bénéfice net est de 160 fr. Dans ce cas, les frais de courtage n’amputent le bénéfice que de 20%.
Et, s’il passe à 20 000 fr., la plus-value brute est de 2000 fr. Les frais de courtage sont toutefois plus élevés, par exemple de 75 fr. au lieu de 20 fr. La plus-value nette n’en est pas moins de 1850 fr. et les frais ne représentent plus que 7,5%.