Une minute, rien de plus! C'est le temps que le Conseil national a consacré, ce matin, au problème des tarifs du roaming (itinérance) en Suisse. Il a, en effet, ajourné le débat prévu sur deux motions demandant le plafonnement de ces tarifs, à l'instar de ce qui se fait progressivement depuis 2009 dans l'Union européenne. Tout comme le Conseil des Etats, il préfère attendre un rapport du gouvernement sur le sujet, prévu, au mieux, pour 2014. Entre temps, les consommateurs trinquent: entre 2009 et aujourd'hui, ils ont payé 1,9 milliard de francs en trop, comme le démontre notre compteur permanent.
Le lobby des opérateurs est évidemment passé par là! Pour rappel, la motion d'Ursula Wyss avait été approuvée sans équivoque (181 voix contre 5) en septembre 2011. Sa requête découlait directement de la pétition déposée à Berne par Bon à Savoir en juin de la même année, signée par 56 000 consommateurs. Mais depuis, la Confédération – actionnaire majoritaire de Swisscom – montre un talent particulier pour faire trainer les choses en longueur. Et voilà le résultat: tout est reporté aux calendes helvètes!
Parallèlement, l'Union européenne a décidé de supprimer, l'an prochain, la tarification des appels entrants (40 ct/minute chez Swisscom par exemple). Et les plafonds qu'elle impose dans tous les pays membres pour les appels sortants, les SMS et les transmissions de données sont entre deux et six fois moins élevés que les tarifs payés par les consommateurs suisses! Pourtant, là aussi, les opérateurs ont réussi un tour de force: alors que la fin du roaming avait été annoncée pour l'an prochain, Bruxelles se contente d'exiger, désormais, que les opérateurs mettent en place, dès juillet 2014, des abonnements permettant un trafic sans surcoût. En cas de refus, ils devront permettre à leurs clients de choisir un concurrent lors de ses déplacements à l'étranger, sans changer de carte SIM. Résultat espéré: la fin des frais de roaming en 2016. Ce dont doutent les associations de consommateurs belge et française, qui qualifient ce revirement d'«énorme reculade».
Ici comme là-bas, ce sont donc les opérateurs qui font la loi. Force est cependant de constater qu'ils la font plus ici que là-bas…
Christian Chevrolet