Pour les agriculteurs conventionnels qui se lancent dans la culture biologique, la reconversion dure deux ans. Durant cette période, ils doivent produire conformément au cahier des charges du bio, mais ce n’est qu’après ce laps de temps que leurs fruits et légumes pourront être commercialisés avec le label bio. Voilà ce que prévoit l’ordonnance suisse sur l’agriculture biologique.
Cette phase de reconversion se justifie par le risque que les denrées soient encore, pendant un temps, contaminées par des résidus de pesticides. Les fruits et légumes nouvellement produits selon les critères biologiques peuvent en effet absorber des substances chimiques qui ont été répandues dans les champs les années précédentes.
Demeter plus strict que Bio Suisse
La faîtière Bio Suisse – qui se distingue par son label au bourgeon – autorise les agriculteurs convertis à commercialiser leurs produits comme bio dès la première année, en ajoutant simplement au bourgeon présent sur l’emballage la mention «reconversion» (Umstellung, en allemand). Le label Demeter est plus strict avec les agriculteurs: ils ne peuvent vendre leurs produits avec la mention «en reconversion» qu’à partir de la deuxième année.
Cette situation peut être source de confusion pour les consommateurs. Un tour des grandes surfaces nous a montré que l’on peut trouver, dans les rayons bio des filiales de Coop et de Migros, des pommes de terre, des pommes, des poires, des concombres, des salades iceberg ou du pain portant la mention «reconversion» dans leur logo bio. Cette inscription peut apparaître partiellement en allemand sur des produits pourtant vendus en Suisse romande. Quelle que soit la langue, elle est peu lisible sur un emballage. Pas sûr que les clients la remarquent.
Ce que l’on remarque, en revanche, c’est que les fruits et légumes issus d’une exploitation en reconversion sont vendus au même prix que des produits pleinement bio.
Le lait pas concercé
Interpellées, Coop et Migros répondent que les agriculteurs en reconversion doivent respecter les règles du bio et qu’ils bénéficient à ce titre des mêmes prix d’achat que les agriculteurs bio. Le prix du blé en reconversion est, toutefois, légèrement inférieur. Cette céréale implique, pour la grande distribution, des coûts plus élevés. Par exemple pour un stockage séparé.
L’enseigne Lidl indique qu’elle n’a, en ce moment, aucun produit bio en reconversion dans ses rayons. Aldi, uniquement un vin rouge.
Il n’existe pas de lait bio «en reconversion». Les agriculteurs en transition doivent écouler leur lait en tant que lait conventionnel pendant toute la phase de transition de deux ans, bien qu’ils remplissent toutes les conditions du label bio. La raison? Selon Bio Suisse, il serait «très compliqué» de s’assurer que ce lait ne soit pas mélangé avec du lait parfaitement bio entre le producteur et le consommateur.
Markus Fehlmann / gc