A croire certains fabricants, leurs liquides vaisselle possèdent des propriétés quasi miraculeuses. L’Alio, vendu par Aldi, aurait ainsi un «ultra pouvoir dégraissant, même avec de l’eau froide». Le Palmolive Original offrirait une «formule puissante exclusive pour la Suisse» et l’Oecoplan de Coop «une efficacité maximale pour une pollution minimale».
Pas dupe, Bon à Savoir a voulu vérifier ce qu’il en est réellement. Nous avons donc acheté douze liquides vaisselle de grandes marques ou de celles propres aux supermarchés. Un laboratoire a été chargé de déterminer leur efficacité contre les résidus de graisse ou d’amidon frais et séchés, la précision de leur système de dosage ainsi que leurs effets sur la peau (lire encadré).
En avril, utilisez Pril
Verdict: les résultats sont rarement à la hauteur des promesses publicitaires. Trois produits seulement obtiennent l’appréciation globale «bon». En tête du classement, le Pril Pomme est le seul à éliminer sans peine l’amidon séché. Contrairement à ses concurrents, il contient des enzymes qui, selon son fabricant Henkel, cassent les particules d’amidon composant les restes de pâtes, de riz et de pommes de terre. Aux deuxième et troisième places l’Alio Original et le Denner sont efficaces contre les salissures fraîches. Mais, à l’instar de tous leurs rivaux, ils marquent le pas quand il s’agit d’éliminer les graisses séchées.
Pour nettoyer des résidus frais de repas et de boissons, la moitié des marques fait très bien son travail, puisqu’elle obtient une bonne, voire une très bonne note. La seule qui a réellement déçu sur ce point est la Fox Qualité & Prix («peu satisfaisant»).
A l’inverse, les produits n’ont pas brillé avec les salissures sèches: onze écopent d’une note «peu satisfaisant» ou carrément «insatisfaisant» pour deux d’entre eux. Même le Pril est à peine «satisfaisant»! Ce qui est essentiellement en cause, c’est leur incapacité à débarrasser les couverts des graisses séchées. Ainsi, aucun liquide vaisselle n’a réussi à les enlever totalement malgré 200 mouvements de frottement simulés par la machine.
Dix produits ont également eu des difficultés à combattre l’amidon séché. Ils ont, au mieux, écopé de l’appréciation «satisfaisant» sur ce point. L’ Oecoplan Pink grapefruit, a été particulièrement médiocre et le Volg, guère meilleur: il leur a fallu environ 180 mouvements jusqu’à ce que l’assiette soit propre, contre 68 seulement avec le Pril Pomme.
Bonne précision de dosage
Pour la précision du dosage, la plupart des articles ont donné satisfaction. Le W5 de Lidl reste néanmoins le meilleur sur ce point. Il en a été tout autrement avec le Palmolive. Selon les indications figurant sur l’étiquette, une giclée équivaut à 2 ml. Dix personnes différentes ont essayé en laboratoire. En moyenne, les résultats concrets ont été de plus de 4 ml. A la longue, ce surdosage finit aussi par lessiver votre portemonnaie, ce d’autant plus que le Palmolive est le produit le plus cher du lot.
Le laboratoire s’est également penché sur l’aspect dermatologique. Les 50 volontaires avaient une peau normale, sensible ou très sensible (lire encadré). Aucun n’a développé de réaction cutanée indésirable aux liquides vaisselle achetés.
Les fabricants font la sourde oreille
Nous avons confronté les fabricants à nos résultats. La plupart n’ont pas commenté les mauvais points relevés. Aldi s’est contenté de répondre que les résultats que nous avons obtenus concernant les graisses séchées ne correspondent pas aux siens. Volg prétend ne pas comprendre: «C’est un produit très apprécié depuis de nombreuses années. Nous n’avons reçu aucune réaction négative jusqu’à présent.» Pour ce qui est du dosage, le détaillant précise que l’étiquette sera modifiée de manière appropriée par le fournisseur. L’entreprise suisse Held relève, de son côté, que son système ne permet pas de mesurer le dosage. Enfin, Palmolive nous a affirmé «ne pas avoir connaissance d’un problème de surdosage potentiel».
Sabine Rindlisbacher / seb
Dans le détail
Les critères du test
Notre test a été confié au Laboratoire SGS Institut Fresenius (D). Les critères étaient les suivants.
1 Résidus frais: les experts ont utilisé la dose recommandée de liquide vaisselle avec cinq litres d’eau chaude à 45°C. Les assiettes plates, qui ont été nettoyées, contenaient un mélange de restes de repas avec des graisses végétales, du beurre, de l’huile d’olive, de l’huile de tournesol, du saindoux, de la crème fraîche, de la margarine, de la farine de blé, du lait en poudre, de l’eau et des colorants.
Pour le test «amidon», la part de farine de blé a été augmentée, l’amidon étant le constituant principal des céréales. Pour les graisses, l’accent a été logiquement mis sur les ingrédients particulièrement gras.
2 Résidus séchés: ce test a été réalisé sur des plaques à gâteau avec de la pâte (pour l’amidon) et avec un mélange d’huiles (pour les graisses). Les résidus ont été séchés à haute température pendant plusieurs heures. Les plaques ont ensuite été trempées dans un litre d’eau à 45°C avec du liquide vaisselle pendant quelques minutes, afin de ramollir les déchets. Elles ont enfin été placées sur un appareil qui accomplit 40 mouvements par minute avec une éponge imbibée d’eau et de produit. Les experts ont relevé le nombre de frottements nécessaires au nettoyage.
3 Précision du dosage: avec des bouteilles pleines et à moitié vides, dix testeurs ont essayé de verser la quantité recommandée de chaque produit dans cinq litres d’eau. Les récipients ont été pesés avant et après chaque essai.
Tolérance cutanée: les experts ont placé pendant 48 heures douze patchs imbibés dans le dos de 50 participants, afin de constater d’éventuelles réactions dermatologiques.