«Je cherchais des pâtes alimentaires élaborées avec du blé suisse, mais après avoir contacté le service client de la Migros, j'ai appris que celles aux œufs et à la semoule étaient faites avec des céréales américaines ou canadiennes», s'étonne notre lectrice Isabelle.
Il semble en effet bien difficile de se procurer des penne ou autres spaghettis faites avec des matières premières suisses. Lors de notre précédente enquête «Toxiques, les spaghettis aux pesticides?», l'origine du blé était également recherchée. Sur quinze produits analysés, seuls six précisaient une origine, mais souvent de manière vague. Ainsi, les spaghettis bio Naturaplan, Prix Garantie et Qualité&Prix de Coop sont faits à base de semoule de blé dur d'Europe et d'Amérique du Nord. «Coop ne vend pas des pâtes sèches avec du blé de provenance suisse. La raison est que la constitution du blé dur suisse n'est pas appropriée pour la production des pâtes», explique Denise Stadler, porte-parole.
Même son de cloche pour les produits bio disponibles dans les magasins ou sur des plateformes web spécialisées. Ceux de marque Rapunzel sont élaborés avec du blé italien. Vanadis mentionne, pour sa part, une provenance suisse mais couplée avec celle de l'Allemagne.
Pour être sûr de manger des cornettes 100% «de chez nous», il faut donc se tourner vers des productions artisanales. Par exemple les pâtes d'Esize Caseracci, disponibles sur le site www.e-terroir.ch, qui contiennent de la semoule de blé dur genevoise.
Notre lectrice se pose aussi une question sur l'étiquetage: «Pourquoi l'origine du blé ne figure pas sur l'emballage»? Comme le mentionne l'ordonnance sur l'étiquetage et la publicité des denrées alimentaires, les produits préemballés doivent contenir, entre autres, la liste des ingrédients ainsi que le pays de production. L'origine des matières premières doit être mentionnée lorsque leur part dans le produit fini dépasse 50% de la masse et que la marque est vendue avec une origine clairement spécifiée. Ainsi, si l'étiquette mentionne des «pâtes suisses», l'origine du blé doit être annoncée.
Mais lorsqu'un produit est majoritairement constitué d'une matière première, l'origine de celle-ci ne devrait-elle pas toujours être précisée? Une nouvelle loi, en cours de discussion au Conseil national, va dans ce sens. Toutefois, si elle passe la rampe, tous les produits importés devront avoir une étiquette spécifique à notre pays, ce qui risquerait d'avoir un impact sur les prix...
Loïc Delacour
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