Si, comme moi, il vous arrive de passer à Narbonne, allez manger chez Bébelle, dans le marché couvert. Pas seulement parce que la viande est bonne et les prix avantageux, mais, surtout, parce que Gilles Belzons, cet ancien pro du rugby, a inventé un concept économique simple, convivial et bigrement efficace. Il a choisi son emplacement en face de deux boucheries, l’une vendant du bœuf, l’autre du cheval. Exactement ce qu’il propose à ses clients avec des frites maison, et rien d’autre. Donc, pas de stock: tout est acheté sur place, au fur et à mesure. Et, pour attirer le chaland, un peu de spectacle: c’est avec un mégaphone qu’il passe ses commandes, que les bouchers lui lancent dans un emballage en papier, et qu’il réceptionne au-dessus de la tête des convives, comme un ballon de rugby. Ambiance assurée, personnel attachant, cuisine irréprochable: le restaurant ne désemplit pas!
Dans un tout autre domaine, l’ancien conseiller d’Etat vaudois François Marthaler remet, lui aussi, un pan important de l’économie en question. Fatigué de dénoncer l’obsolescence programmée, il passe à l’action et propose des ordinateurs avec un système d’exploitation libre qui fonctionneront dans dix ans encore. Son objectif est modeste et ambitieux à la fois: vendre, à un prix très compétitif, 15 000 machines, soit 2% des ventes en Suisse.
Le point commun entre les deux hommes: sortir de l’ornière, penser autrement et faire du neuf sans réinventer la roue, mais en respectant tant le client que les partenaires. Chapeau!
Christian Chevrolet