Bonne nouvelle pour les salades estivales: les tomates fraîches ne sont pas des cocktails de pesticides. Sur les vingt échantillons que nous avons confiés au laboratoire, douze ne présentent aucun résidu de pesticides et six autres seulement des traces. Des concentrations élevées de substances chimiques ont été uniquement décelées dans la Divino espagnole vendue chez Denner et la Tasty Vine française achetée chez Jelmoli.
Un pesticide pourtant interdit
Au total, le laboratoire a détecté neuf pesticides, soit trois insecticides, cinq fongicides et l’herbicide chlorate. Ce dernier a été détecté sur les tomates en grappes de Lidl ainsi que sur les Amela Fine Food de Coop. Détail piquant: ce produit est interdit en Suisse et dans l’Union européenne, car il est dangereux pour les globules rouges. Le problème, c’est que le chlorate peut se former lorsque les agriculteurs désinfectent leur système d’irrigation ou leurs produits avec de l’eau chlorée. Pratiquement tous les échantillons contaminés par des pesticides proviennent de culture hors-sol (lire encadré).
Mais une bonne tomate n’est pas seulement une tomate vierge de pesticide. Elle doit être intéressante sur le plan nutritif en étant notamment riche en lycopène. Cet antioxydant naturel renforce le système immunitaire, protège des maladies cardiovasculaires et peut même réduire le risque de cancer. Une haute teneur en lycopène indique que la tomate a poussé au soleil et à la chaleur et qu’elle était mûre au moment d’être cueillie. Certaines variétés contiennent aussi naturellement plus de lycopène que d’autres.
Les tomates pelées font mieux!
C’est la tomate cœur de Globus, provenant de Suisse et cultivée en serre, qui remporte la palme du lycopène. Elle en contient 109 mg/ kg. La lanterne rouge est la Camone sarde, proposée également chez Globus, cultivée en pleine terre en Italie. Elle ne contient que 16 mg/kg de lycopène. Au total, six tomates analysées ont une concentration inférieure à 50 mg/kg, ce qui leur vaut une note «insuffisante».
En moyenne, les tomates du test affichent 62 mg/kg de lycopène au compteur. Les produits à base de tomates transformées, comme les passate ou les pelati en contiennent nettement plus (lire «Elles n’ont pas de quoi rougir»). Ce qu’il faut savoir, c’est que l’organisme emmagasine mieux cet antioxydant lorsqu’il est combiné avec de la matière grasse. On aurait donc tort de ne pas ajouter un bon filet d’huile, voire un morceau de beurre, dans les sauces ou les salades qui font la part belle aux tomates.
Les distributeurs expliquent que les taux bas de lycopène sont dus aux longs transports. Aldi déclare que les tomates sont cueillies juste avant maturité et Coop affirme que les producteurs les cueillent lorsqu’elles sont mures. Pour Migros, la basse teneur de la tomate Demeter est «sans doute liée à la variété choisie».
Sabine Rindlisbacher / sp
Les critères du test
Bon à Savoir a mandaté deux laboratoires pour analyser vingt échantillons de tomates selon les critères suivants.
Pesticides Les experts ont recherché la présence d’environ 600 produits phytosanitaires.
Lycopène Ce pigment qui protège les tomates des rayons du soleil est bénéfique pour la santé humaine (lire texte principal).
Solanine Les tomates produisent cette toxine au goût amer. Elle se retrouve principalement dans la base de la tige. Les quantités sont plus élevées dans les tomates qui ne sont pas mûres. Bonne nouvelle: les laboratoires n’en ont pas détecté dans nos échantillons.
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D’avantage de pesticides et moins de transparence dans le hors-sol
Sept des huit échantillons qui présentaient des résidus de pesticides proviennent de cultures hors-sol. Les tomates qui en sont issues poussent en serre et ne sont pas plantées dans la terre, mais dans de la fibre de coco, de la laine de roche ou de la mousse. Le résultat est surprenant. L’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) avait déclaré à nos confrères alémaniques de saldo, en 2019, que la production hors-sol nécessitait moins d’eau, moins d’engrais et moins de pesticides que d’autres formes de cultures. Le problème, c’est que ce mode de production demande beaucoup plus d’énergie et les légumes n’ont pas la même qualité (lire «Produits hors-sol, la grande inconnue»).
Les distributeurs ne sont pas tenus de déclarer «hors-sol» sur leurs emballages. Seuls Coop et Globus affirment l’indiquer pour tous leurs produits. Lidl le mentionne pour les produits suisses; mais pour ceux qui sont d’origine étrangère, l’enseigne dit ne pas pouvoir toujours le faire en raison du grand nombre de producteurs. Les clients de Migros, de Denner, d’Aldi, de Jelmoli et de Spar sont laissés dans le flou. Migros concède néanmoins que 85% de ses tomates sont issues de cultures hors-sol.
En l’absence d’une information claire, les consommateurs qui veulent éviter les produits hors-sol ont une option très simple: il suffit d’opter pour du bio, sachant que le hors-sol y est interdit.