Rien de tel qu’un coup de peinture fraîche pour se sentir mieux chez soi. A condition, bien sûr, que le produit utilisé ne dégage pas de substances nocives! Pour vérifier la salubrité des articles sur le marché, nous avons fait tester neuf dispersions blanches, mates ou satinées (lire encadré). Nous avons sélectionné les plus vendues dans les grandes surfaces et les centres de bricolage ainsi qu’un produit fabriqué à base de résines naturelles et vendu dans les commerces spécialisés (voir tableau).
Les peintres amateurs peuvent se réjouir: la plupart des pots testés ne contiennent pas de substances nocives. Cinq décrochent la mention «très bon», parmi lesquels la Obi Classic Dispersion Premium mate, l’une des plus avantageuses (7 fr./l). A noter que, dans ce peloton de tête, deux produits contiennent malgré tout des traces de substances indésirables: la Miocolor Profi Blanc, de Migros, dépréciée d’un demi-point, contient de l’éther de glycol, et la Premium Dispersion Architect, vendue par Jumbo, du formaldéhyde.
Emballage écolo trompeur
Un seul pot a été jugé «bon». La Dispersion intérieur mate, de Coop Oecoplan, recèle des traces minimes de formaldéhyde et d’isothiazolinone chlorée. Malgré de faibles teneurs, les experts ont tout même déprécié cet allergène d’un point, car le site de la marque affirme: «Les peintures et laques Coop Oecoplan sont garanties non toxiques. Elles sont fabriquées (…) sans conservateurs à base de formaldéhyde (…) et quasiment sans solvants et sans glycols.» Notre test a pourtant détecté ces substances!
Deux produits écopent de la mention «satisfaisant». La Dispersion standard mate, de Miocolor, vendue à Migros, contient une concentration relativement élevée d’éther de glycol. Quant à la Peinture murale blanche aux résines naturelles Auro, qui est aussi la plus chère de notre sélection (23.05 fr./l), elle affiche 16 g/kilo d’essence de citron, de la famille des terpènes. Roger Waeber, de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), souligne «que même des substances naturelles comme le citron peuvent déclencher des allergies chez les personnes sensibles. Un phénomène souvent sous-estimé.» La mention Xi R43, qui indique une possible sensibilisation au contact de la peau, devrait donc figurer sur l’emballage, ce qui n’est pas le cas.
Le fabricant indique n’utiliser que 0,4% d’huile d’écorces de citron depuis 2007. Une société suisse a toutefois continué à commercialiser le produit fabriqué selon l’ancienne formule jusqu’en 2009. L’importateur nous a assurés qu’il écrirait à tous les vendeurs pour échanger les bidons encore en stock contre des pots fabriqués selon la nouvelle recette.
Pas cher, pas bon
Le produit le meilleur marché de notre comparatif (0.09 fr./l), la Dispersion intérieur lavable, de Coop Prix Garantie, termine en queue de classement, puisqu’il affiche une teneur élevée de formaldéhyde et d’isothiazolinone chlorée (CIT). A titre de comparaison, le label natureplus®, décerné par l’organisation environnementale internationale du même nom, fixe la concentration maximale de formaldéhyde conseillée à 20 mg par kilo, soit sept fois moins!
Le fabricant de cette dispersion se justifie en expliquant qu’il reviendrait nettement plus cher de remplacer ce solvant par d’autres agents conservateurs. Markus Zehringer, chimiste cantonal de Bâle-Ville, se montre rassurant sur ce point: «La concentration en formaldéhyde diminue fortement dans les quinze jours qui suivent l’application d’une peinture, contrairement aux meubles en contreplaqué qui diffusent la substance pendant longtemps.» En revanche, le scientifique s’étonne de la concentration élevée en isothiazolinone chlorée CIT mesurée dans ce même produit. Cette substance ne doit toutefois être déclarée que si sa concentration dépasse 15 mg/ kilo, soit plus du double de ce que nous avons constaté.
Sabine Knosala / chr
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LES CRITÈRES DU TEST
Les substances problématiques
Le Laboratoire allemand Eurofins, à Hambourg, a recherché les substances potentiellement dangereuses suivantes.
1 Formaldéhyde
Le formaldéhyde, ou formol, est un agent conservateur. Inhalé même en doses minimes, il peut irriter les muqueuses et déclencher des allergies. Cette substance est en outre cancérigène.
2 Ether et ester de glycol
Ces composants sont utilisés comme solvants aussi bien dans l’eau que dans la graisse. Ils peuvent occasionner des conjonctivites et endommager les reins.
3 Terpène
On trouve ce composant organique dans les huiles essentielles. Il est utilisé comme substance aromatique ainsi que solvant et peut irriter les organes respiratoires et les muqueuses des personnes sujettes aux allergies.
4 Isothiazolinone chlorée
Cette substance, dite CIT, est un agent conservateur qui remplace les anciens solvants. Elle présente un certain risque, puisqu’elle peut déclencher des réactions allergiques cutanées.