Vous aussi, vous les avez intégrés, ces réflexes du quotidien? Fermer le robinet quand on se brosse les dents? Soupeser ce sachet en plastique, se demander s’il ne faut pas passer à une version en tissu pour acheter ses fruits et légumes? Baisser la température dans la chambre à coucher parce que… «avec un duvet, 18 degrés, ça passe»?
Devant l’actuelle urgence climatique et le vaste gaspillage des ressources, chaque geste compte. Mais, tandis que nous en sommes à nous interroger sur le gain réel d’un pipi sous la douche pour épargner une chasse d’eau, il existe un monde parallèle.
Dans ce monde, on a soif de vacances et on prend un jet privé pour faire un saut de
Genève vers la Riviera française. Compter 5000 à 26 000 francs l’aller-retour, selon l’émission Toutes Taxes Comprises. Ce commerce – exempté de taxe sur le kérosène – est en plein boom depuis la pandémie, avec une croissance de +41%. Chaque mois, mille vols privés décollent depuis Cointrin.
Les jets privés génèrent de cinq à quatorze fois plus de pollution par passager que les avions de ligne et cinquante fois plus que le train. Une heure de vol privé relâche un quart de ce qu’émet un citoyen européen en un an, assène l’ONG Transport & environnement.
Alors que faire? Abandonner son billet Genève-Amsterdam en train de nuit? Manger trois avocats importés par jour, puisque d’autres dépassent notre bilan CO2 annuel en une heure? Non, bien sûr. Mais, il n’y a peut-être pas à culpabiliser à l’achat d’un pull neuf plutôt qu’en friperie ou parce qu’on a osé ajouter de la mangue venue de loin à son repas de Noël.
Les citoyens ont une carte à jouer par des achats adéquats et raisonnés, que nous encourageons, chaque mois, à Bon à Savoir. Mais les efforts sont aussi, voire avant tout, attendus à un niveau global et industriel. Sans quoi nos gestes du quotidien resteront vains.
Laura Drompt