Mangue, ananas-banane-noix de coco ou encore framboise-canneberge. Les smoothies sont à la mode et se déclinent en une infinité de variétés. Ils sont réalisés à base de fruits dénoyautés et sans peau dont la chair est mélangée à du jus afin d’obtenir une consistance crémeuse. Les fruits sont également chauffés durant la préparation. Certains fabricants ajoutent même du yaourt pour rendre leur produit plus onctueux. Car, en l’absence de normes légales, ils sont libres d’élaborer leurs recettes comme ils l’entendent.
Fibres très discrètes
Nous avons donc confié quinze smoothies à un laboratoire spécialisé. Il s’est penché sur leur teneur en sucre et en fibres, tout en vérifiant si les fruits indiqués sur la liste des ingrédients se trouvaient bel et bien dans le breuvage (lire encadré). Les experts ont également recherché la présence d’arômes artificiels et de conservateurs.
La surprise, c’est que ces boissons sont aussi sucrées qu’un coca et pauvres en fibres! Et, contrairement à ce que laissent entendre les étiquettes, les pommes, les oranges, le jus de raisin et la purée de banane sont majoritaires sur la liste des ingrédients. Par conséquent, les smoothies ne se distinguent d’un jus de fruit normal que par leur consistance.
L’exemple du OK.- aux baies acheté chez K-Kiosk est frappant: selon l’étiquette, il contient 11 mûres, 85 myrtilles, une demi-banane, une demi-orange et deux pommes et demie. Or, si tous ces ingrédients étaient vraiment présents, le smoothie devrait renfermer plus de 10 g de fibres végétales. Les experts n’en ont pourtant mesuré que 2,8 g, soit à peu près l’équivalent d’une pomme entière avec la peau. La raison d’une telle différence se trouve en petits caractères sur la liste des ingrédients: la part des baies ne représente que 26% de la composition, le reste étant du jus d’orange, du jus de pomme et de la purée de banane.
Sucre à gogo
Ce n’est donc pas avec un smoothie que vous allez faire le plein de fibres. Dommage, car elles sont très bénéfiques pour la santé: diminution de la sensation de faim, action positive sur la digestion, abaissement de la pression sanguine, réduction des risques de maladies cardiovasculaires et on en passe. Selon les recommandations internationales, on devrait donc consommer 30 g de fibres par jour. En Suisse, la ration quotidienne a été fixée à 23 g. Or, le breuvage le plus riche en la matière, le Coop Naturaplan Bio mangue-fruit de la passion en contient 4 g seulement.
Ce produit se distingue hélas sur un autre point moins brillant. C’est en effet lui qui a le plus de sucre (30 g), soit 120 g par litre!
A titre de comparaison, un litre de Coca avoue 105 g/litre et un jus de fruits multivitaminé entre 90 et 100 g/litre. Grand vainqueur de notre test, le Biotta Veggie n’en renferme que 20 g, soit la teneur d’une banane bien mûre. Or, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande aux adultes de ne pas excéder 25 g par jour, soit l’équivalent de six cuillères à café. Les smoothies contiennent certes du fructose d’origine naturelle. Mais sa valeur n’est pas meilleure que celle du sucre raffiné.
Peu de pesticides
La bonne nouvelle, c’est que les fabricants n’ont utilisé que des ingrédients naturels. Le laboratoire n’a pas décelé d’arômes artificiels. Il n’a pas trouvé non plus d’acide sulfureux, un conservateur utilisé pour maintenir la couleur des produits. En revanche, les spécialistes ont repéré des traces de plusieurs pesticides dans les smoothies aux baies de la marque Ok.- et Anna’s Best. C’est pourquoi nous les avons dévalués d’un demi-point chacun (voir tableau). En réaction, Migros répond que la quantité de pesticides relevée dans l’Anna’s Best aux baies se situe bien en deçà des valeurs limites légales.
Le géant orange a également justifié la teneur élevée en sucre de ses deux produits en déclarant qu’elle était due à la purée de banane très sucrée contenue dans les deux boissons. Selon Coop, la proportion de sucre et de fibres varie selon les fruits utilisés. Lidl invoque l’utilisation d’une espèce spéciale d’ananas pauvre en acidité mais très sucrée. De son côté, Aldi annonce qu’il va réviser sa copie et diminuer la quantité de sucre.
Andreas Schildknecht / cg
En détail
Les critères du test
Nous avons confié quinze smoothies à un laboratoire spécialisé qui a recherché la présence d’arômes artificiels, de plusieurs centaines de pesticides. L’acide sulfureux a également été traqué. Employé pour conserver la couleur des fruits, il peut provoquer des maux de tête, des nausées et de l’urticaire chez les personnes allergiques.
Les spécialistes ont également mesuré la teneur en sucre et en fibres des jus avant de vérifier si les fruits indiqués sur la liste des ingrédients figuraient bel et bien dans la boisson.