Des appareils électroménagers aux ampoules, en passant par les téléviseurs, l’étiquette-énergie se colle un peu partout. Elle a même fait son apparition sur les pneus depuis que l’UE l’a rendue obligatoire le 1er novembre 2012. Elle promet aux automobilistes de les aider à se procurer des gommes sûres, silencieuses et efficaces énergétiquement.
Trois critères seulement!
Ainsi, elle juge (de A à G) trois paramètres: l’efficacité énergétique (résistance au roulement), les performances sur sol mouillé (sécurité) et le niveau sonore. C’est bien peu, sachant que les tests du TCS intègrent pas moins de 18 critères! Pour l’efficacité énergétique et le niveau sonore, l’étiquette-énergie semble crédible. Mais là où elle pèche dangereusement, c’est sur l’évaluation sécuritaire, pourtant primordiale.
Ainsi, si l’on se réfère au label européen, le modèle Kleber Dynaxer HP 3 serait aussi performant sur sol détrempé (C) que le Semperit Comfort-Life 2. D’un point de vue sécuritaire, on serait donc tenté de croire que ces deux pneus d’été se valent. Or, le test du TCS a estimé le Kleber si médiocre qu’il l’a affublé de la pire évaluation finale: «non recommandé». A l’inverse, le Semperit obtient la mention globale «très recommandé» grâce, notamment, à ses performances dans toutes les disciplines touchant à la sécurité.
Dans la même monte (185/60 R15 H), l’étiquette-énergie suppose que le Firestone Firehawk TZ 300 a est doté d’une adhérence irréprochable (A). Dans le test du TCS, il fait pourtant partie des six produits les plus faibles sur sol détrempé et obtient l’évaluation globale «recommandé» seulement. Il faut savoir que l’étiquette-énergie se contente d’une épreuve de freinage pour jauger l’efficacité sur sol mouillé. De son côté, le TCS mesure également l’aquaplaning tant transversal que longitudinal, la maniabilité ainsi que le guidage latéral.
Neige et glace ignorées
Dans les pneus d’hiver de taille 205/55 R16 H, le constat est tout aussi absurde. L’improbable Syron Everest 1 obtient la même appréciation (C) que le Goodyear Ultragrip 8 pour l’adhérence. Le Syron est jugé «non recommandé» par le TCS en raison de ses nombreuses faiblesses, alors que le Goodyear est «très recommandé». Le plus inquiétant, c’est qu’il s’agit de deux pneus d’hiver pour lesquels le label européen ne donne aucune indication quant au comportement sur la neige ou la glace.
En résumé, cette étiquette-énergie est si inaboutie qu’elle en est dangereuse pour la sécurité. Rien ne saurait donc remplacer les tests indépendants des grands clubs européens (TCS, ADAC, etc.) pour faire son choix. D’autant que le label européen se contente des informations fournies par les fabricants eux-mêmes, sans qu’un organisme neutre en contrôle l’exactitude.
Yves-Noël Grin
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