«Si les augmentations de prix se poursuivent, nous disposerons du meilleur réseau ferroviaire au monde, mais sans personne pour l’utiliser», déplore l’Association transports et environnement. Ce cri d’alarme du lobby des transports publics fait écho à la publication d’une enquête de Stefan Meierhans, le «Monsieur Prix» de la Confédération depuis 2008. Elle montre que, à partir de 1990, les transports publics ont perdu du terrain, en termes de coût, au profit du transport individuel.
Depuis 2013, le phénomène s’est même accentué. Malgré le renchérissement négatif, le prix du train continue de progresser, tandis que celui de la route diminue en raison de la chute des prix du carburant et des voitures neuves. «Cette évolution des coûts entre rail et route est en contradiction avec les objectifs de mobilité de la Confédération, qui vise une plus grande part des transports publics», critique l’organe de surveillance des prix.
A deux en voiture: moins cher que le train
Bon à Savoir ne dit pas autre chose: en 2015, nous avions montré que le coût des déplacements en train a bondi de 70% en 25 ans, contre 25% pour le transport individuel, tandis que l’inflation sur la période atteignait 33%. Conséquence directe? Selon nos calculs, entre Genève et Lausanne, il suffisait d’être deux dans une voiture de catégorie moyenne, tous frais compris, pour payer le trajet aller-retour moins cher qu’en train, en 2ème classe au plein tarif. Avec une petite voiture d’entrée de gamme (15 000 fr.), même le demi-tarif CFF était battu.
+80% pour l’abonnement général
Selon le Surveillant des prix, qui a enquêté sur cinq trajets en particulier, c’est le prix des aller-retours qui a le plus progressé, en raison de la suppression du rabais de retour en 2004. Le tronçon Berne-Zurich a même connu une augmentation de prix de 100%: l’aller-retour, facturé 50 fr. en 1990, coûte 100 fr. tout rond aujourd’hui (voir infographie).
L'abonnement général de 2ème classe frôlera la barre des 80% d’augmentation depuis 1990 (voir graphique) dès le 11 décembre 2016, date à laquelle le prix des billets et des abonnements sera à nouveau majoré. Les CFF semblent toutefois avoir trouvé un moyen de stopper sa hausse… si l’on peut dire: ils songent à supprimer purement et simplement le concept de libre circulation, qui serait remplacé par le paiement des trajets à posteriori avec rabais de quantité.
Cartes journalières des communes: trop bon marché!
Quant à la hausse record de ces dernières années, restée hors des écrans radars, nous l’avons dénichée du côté des cartes journalières «commune». Ces sésames à prix attractif mais disponibles en quantité limitée permettent de voyager toute la journée. Un carnet de 365 cartes – une par jour – coûtait 8 500 fr. aux communes en 2006 encore. Dès le 11 décembre prochain, il coûtera 14 000 fr. Soit une augmentation de 65% en 10 ans, largement supérieure à celle des tarifs normaux. Cette hausse est répercutée lorsque les cartes sont revendues aux habitants: ainsi, les personnes domiciliées à Genève les paient aujourd’hui 45 fr., contre 30 fr. en 2006.
Comment l’expliquer? «Elles étaient très bon marché en comparaison avec l’assortiment standard. Aujourd’hui, il y a deux fois plus de personnes qui voyagent avec des cartes journalières des communes qu’avec des cartes journalières «normales» ou des cartes 9 heures. Les entreprises de transport ont augmenté leur prix pour, notamment, enrayer la forte cannibalisation des cartes standard et des billets ordinaires», concède Sylvie Schneuwly, porte-parole de l’Union des transports publics.
Vincent Cherpillod