Le poisson est excellent pour la santé, mais il est toujours plus difficile de faire un choix favorisant une pêche et des élevages respectueux de l’environnement.
Le Guide du consommateur, réalisé par le WWF et offert en exclusivité aux lecteurs de Bon à Savoir, lève un coin du voile sur l’état des stocks aquatiques.
Pour réaliser ce dépliant, à glisser dans son porte-feuille, le WWF a soumis à une évaluation écologique la majorité des poissons comestibles vendus sur le marché suisse et les a répertoriés en trois catégories: recommandables, peu et non recommandables.
L’exemple du saumon
Un rapide coup d’oeil au classement donne la trompeuse impression que tout baigne! Hélas, les choses ne sont pas aussi simples: certaines espèces dites recommandables, dont le flétan, le lieu, l’omble, la truite ou le saumon, figurent également dans les deux autres catégories. Ces variations s’expliquent selon l’origine des poissons, leur mode de vie et leur alimentation.
Le cas du saumon, que l’on retrouve dans les trois catégories à la fois, permet de mieux comprendre les raisons de ce classement.
> Recommandables: le saumon du Pacifique (Alaska), qui ne peut être pêché que dans des conditions très strictes; et le saumon atlantique (Ecosse et Irlande), provenant d’élevages, qui ne peut être nourri que de composants végétaux issus de production biologique ou de déchets de l’industrie des poissons (têtes et nageoires).
> Peu recommandable: le saumon atlantique d’Europe et du Chili provient d’élevages qui ne sont pas soumis aux même règles que les précédents. La production ne cesse d’augmenter, causant des ravages toujours plus importants sur l’écosystème marin, notamment à cause de l’utilisation de nourriture très énergétique composée de farine de poissons sauvages pêchés exclusivement pour la production de ces aliments.
> Non recommandable: le saumon atlantique d’Amérique du Nord. Malgré des moratoires imposés sur la pêche en Amérique, les saumons se sont presque éclipsés des deux côtés de l’Atlantique depuis le milieu des années 70. La survie de cette espèce surpêchée repose donc en grande partie sur l’attitude des consommateurs.
Etiquetage
Le Guide du consommateur permet ainsi de choisir son poisson en connaissance de cause. En Suisse, comme dans l’ensemble de l’Union européenne, la dénomination commerciale des poissons doit obligatoirement contenir la zone de capture ou le pays d’élevage ainsi que le mode de production.
Toutes les étiquettes ou les tabelles déposées sur les étals des poissonniers doivent donc mentionner ces informations de base. Cependant, selon une étude récemment réalisée chez nos voisins de France, il y aurait dans ce pays environ 11% d’infractions constatées sur l’étiquetage des poissons: pas forcément une absence complète d’informations, mais souvent des indications, volontairement ou accidentellement, partielles ou peu lisibles.
Appellation floue
Par ailleurs, en France comme en Suisse, certaines mentions a priori précises sont loin d’être claires et cela sans avoir recours à l’illégalité. Par exemple, l’appellation «colin» regroupe à la fois le lieu noir, une espèce bon marché et sans grande richesse, et le merlu, une espèce noble, onéreuse et convoitée par les amateurs de cuisine espagnole. Pour s’y retrouver, un seul conseil: garder en tête leur appellation latine.
Le colin, version lieu noir, comportera la mention pollacchius virens; alors que le colin, version merlu, affichera la mention merluccius merluccius.
Une histoire à y perdre son latin… Zeynep Ersan Berdoz
trompeuse abondance
Plie et thon à limiter
Une espèce de poisson abondante chez le poissonnier n’est pas toujours abondante par nature. La preuve par deux espèces fréquentes dans les rayons des grandes surfaces:
˛ Quelle que soit la saison, les filets de plie s’offrent en abondance dans les rayons des produits surgelés. Or, ces poissons plats, aussi appelés carrelets, nagent dans les profondeurs de l’océan Atlantique et sont menacés de surpêche. Leur consommation est donc peu conseillée.
> Prétendre préserver la santé des océans en se ruant sur les boîtes de thon régulièrement soldées est paradoxal. En effet, elles contiennent en général du thon à ventre rayé (skipjack) ou du thon jaune (albacore) dont la population diminue.
Le thon à nageoires bleues est quant à lui sérieusement menacé et donc non recommandable.