Manger végétarien ou végétalien est tendance. Les adeptes du premier régime ne consomment aucune chair animale, mais adoptent différentes attitudes pour ce qui concerne les œufs et les produits laitiers. Les végétaliens – ou véganes – ne mangent, eux, que ce qui est issu du monde végétal.
S’il est évident qu’un fruit ou un légume frais n’a absolument rien d’animal, de nombreux aliments transformés peuvent réserver de sacrées surprises, en raison notamment des additifs et des auxiliaires technologiques utilisés (lire encadré). Pour fidéliser une partie de leur clientèle et faciliter ses choix, les grands distributeurs font donc certifier certaines denrées alimentaires. Et cela, avec plus ou moins d’entrain.
Politique des détaillants
Migros affiche une politique ambitieuse. Le géant orange a ainsi promis d’étoffer ses assortiments certifiés végétarien et végane de 30% d’ici à 2017. A la fin de l’an dernier, il proposait 104 produits labellisés végétariens et 272 articles certifiés véganes. Une offre légèrement inférieure à celle de Coop qui déclare actuellement «plus de 450 produits labellisés, dont plus de 300 végétaliens».
Du côté des discounters, on reste plus modestes. Aldi, par exemple, nous a confié développer sa gamme Just Veg! depuis le début de l’année. Pour l’instant, elle ne comporte qu’une vingtaine d’articles. C’est toujours mieux que Denner qui n’en compte que cinq.
Le label-V s’impose
Si, dans d’autres domaines, comme le bio, une multitude de labels s’affrontent, le «Label-V» fait référence pour les produits végétariens. Il ne partage le gâteau qu’avec de rares concurrents pour le végétalien, dont la «fleur végane», de la Vegan Society UK, qu’on trouve notamment chez Migros. Le règlement du Label-V a été élaboré par l’Union végétarienne européenne, et les premières certifications ont été réalisées en Suisse, dès 1996, avant de se propager en Europe. Dans notre pays, l’attribution et le contrôle du label sont assurés par l’Association Swissveg qui a garanti quelque 2000 produits.
Concrètement, le Label-V compte quatre catégories, spécifiées sur les logos des emballages: l’ovo-lacto-végétarien (avec lait et œufs), l’ovo-végétarien (avec œufs, sans lait), le lacto-végétarien (avec lait, sans œufs) et le végétalien qui bannit tout composant animal. Pour que la certification soit possible, tous les ingrédients doivent être connus et strictement végétariens ou végétaliens, additifs compris. De surcroît, aucun produit d’abattage ne doit être utilisé comme auxiliaire technologique (gélatine, etc.). Et l’entreprise doit accepter que ses lignes de production soient contrôlées.
Tout n’est pas parfait
Le Label-V et la fleur végane jouissent d’une réputation qui n’a, jusqu’ici, été entachée par aucun scandale. Un lecteur s’étonnait pourtant que l’emballage de rouleaux de printemps certifiés «vegan» mentionnait qu’ils pouvaient «contenir des traces d’œufs, de poissons et de crustacés». Cela indique que d’autres marchandises classiques ont été produites sur la même ligne de fabrication et ont pu laisser des traces qui se retrouvent dans les rouleaux de printemps.
Dans d’autres cas, la présence d’un label peut paraître absurde. Des consommateurs se sont ainsi étonnés de voir du jus de pomme labellisé «vegan», alors qu’il semble couler de source qu’une telle boisson n’est pas élaborée à partir de filet de bœuf! «En fait, les jus de fruits peuvent être clarifiés avec de la gélatine d’origine animale», explique Marcel Bohnet, de Swissveg. Pratique que le label interdit non sans impact sur les prix: le jus de pomme M-Classic vegan, par exemple, coûte 70 ct. de plus. Explication de Migros: «Comme il n’existe pas de producteur suisse végane, nous devons l’importer d’Autriche, ce qui occasionne des frais de douane.»
Sébastien Sautebin
En pratique
Composition: la croix et la bannière
Obscur charabia pour le consommateur, la liste des ingrédients ne permet souvent pas de déterminer avec certitude si un produit transformé est végétarien ou végane. En cause notamment, les additifs alimentaires – les fameux codes E – dont certains sont susceptibles d’être d’origine animale, sans que cela soit précisé sur les emballages. En tout, selon une liste dressée par Swissveg, plus de 40 codes E seraient concernés. C’est le cas notamment de plusieurs émulsifiants. Selon l’OSAV, il faut s’adresser au fabricant pour savoir de quoi il en retourne (lire «Origine floue des émulsifiants» en page 20)! Divers autres pièges guettent les consommateurs. La margarine, par exemple, peut contenir des vitamines A et E provenant de graisse animale. Les jus de fruits, le vin et la bière sont clarifiés avec de la gélatine issue des animaux.