Les Suisses sont des adeptes de la petite reine. La preuve: chaque Helvète parcourt en moyenne trois fois par an la distance Genève-Berne à bicyclette!
Ce sport populaire est d’ailleurs sain, écologique et bon marché. Mais il n’est pas sans danger: sur un même trajet, les cyclistes encourent un risque d’accident mortel de cinq à huit fois plus élevé que des automobilistes, indique le Bureau suisse de prévention des accidents (bpa).
Les statistiques sont encore appuyées par celles des accidents: en 2000, près de 27 000 cyclistes ont été blessés, plus de 1500 ont subi des traumatismes cranio-cérébraux et 37 personnes ont succombé à leurs blessures.
En effet, c’est la tête des cyclistes qui est la plus exposée. Or, ces lésions pourraient être largement évitées si tout le monde portait un casque. Selon diverses études, son port systématique éviterait chaque année 5600 blessures à la tête et 27 accidents mortels. Pourtant, seul un cycliste sur cinq semble être «intelligent»...
Enfants plus exposés
Les chiffres sont plus alarmants encore lorsqu’on prend les seules statistiques pour les enfants: 8000 accidents par an, à cause du manque d’appréciation des dangers et une plus grande prise de risque. Là aussi, le port systématique du casque préviendrait quelque 1600 blessures à la tête – à condition que cette protection soit vraiment efficace. Or, notre dernier test de modèles pour enfants et adolescents (BAS mai 2001) avait démontré que tel n’était pas toujours le cas. A l’époque, seul un casque sur deux avait en effet mérité la mention «satisfaisant» ou «bon».
Les phases du test
Un an après, Bon à Savoir s’est demandé si les fabricants en avaient tiré la leçon. Nous avons donc soumis 13 modèles actuels pour enfants et adolescents aux experts de l’Institut fédéral de recherche en matériaux (EMPA), à Saint-Gall. Lesquels ont examiné les casques sous plusieurs aspects:
• Propriétés d’amortissement: comment la protection amortit-elle une chute sur le bitume ou un bord de trottoir?
• Tenue du casque: peut-il être arraché d’un coup sec?
• Solidité des courroies: les courroies se déforment-elles lors d’une forte traction, telle qu’elle pourrait s’exercer lors d’un accident?
Bien protégé à bon prix
Le résultat est, cette fois, plus réjouissant: sur les treize modèles testés (voir tableau), six ont mérité l’appréciation «bon», quatre sont jugés «satisfaisant». Et pas besoin de trop débourser pour un bon casque: le modèle placé en deuxième position dans notre test, le Grepper Doggy-Bello, se vend 39,50 fr. seulement. Soit la moitié du coût du modèle classé premier (79 fr.), le Ked Starlight Art. 332. M.
Trois casques sont toutefois à éviter, car ils ont été jugés insatisfaisants:
• High Tech Protection vendu chez Jumbo;
• Giro Rodeo, vendu en magasin spécialisé;
• Crosswave Grepper Veto, vendu chez Migros.
Ces trois casques n’ont pas réussi le test de tenue. Une épreuve consistant à poser le casque sur une tête-test en serrant fortement la courroie du menton. A l’aide d’un câble métallique fixé au casque par un crochet, on lui fait subir une traction soudaine de travers vers le haut et vers l’avant. Objectif: voir s’il peut être arraché de la tête. Cette expérience simule une lourde chute sur l’arrière du crâne.
Boucles à problème
Les résultats confirment ce que le bureau de prévention des accidents avait déjà constaté en 1999: «Il reste un point d’interrogation concernant les boucles de fermeture qui sont peu élaborées pour la majorité des produits.» En effet, les boucles du modèle de marque High Tech vendu chez Jumbo, se sont cassées, et celles du Crosswave de Migros ont été arrachées de leur fixation sur la coque.
Réaction de Migros: «La sécurité des clients a la plus haute priorité.» Si bien que le grand distributeur a aussitôt retiré les casques incriminés de ses rayons. Le géant orange et Jumbo vont maintenant procéder à leurs propres tests sur ces modèles. Et Jumbo reconsidérera la vente de ce casque si ses propres résultats devaient confirmer ceux de l’Empa.
Selon le responsable du test, Siegfried Derler, le mauvais résultat du Giro – le seul qui a pu être arraché de la tête sans subir de dommage – s’explique par une forme non appropriée de la coque. Ce qui n’émeut guère l’importateur de la marque, Paul Hubacher: «Je continue à vendre mes casques.» Il n’hésite d’ailleurs pas à mettre totalement en doute le sérieux de l’Empa, qu’il accuse d’effectuer des test sans y être habilité. Or, ce laboratoire est accrédité pour ce genre de tests, même si pour l’heure il n’est pas reconnu par l’Union européenne. Ce qui sera bientôt le cas, avec les accords bilatéraux.
Pour conclure, rappelons la mise en garde de la Suva et du Bpa, dont la campagne annuelle dans le domaine vient de se terminer: «L’asphalte est plus dur que n’importe quelle calotte crânienne.» Alors, à vos casques!
Thomas Vogel / e.w.
En savoir plus sur la prévention des accidents de vélo et le port du casque:
www.bpa.ch, www.suva.ch