Guy Mermod a payé de sa poche plus de 5000 fr. pour s’équiper de prothèses auditives. L’AVS n’a participé aux frais qu’à hauteur de 1237.50 fr., soit le forfait prévu pour un appareillage binaural (les deux oreilles). Son assurance complémentaire a couvert les coûts selon contrat, à hauteur de 200 fr. En tombant quelques mois plus tard sur le site du vendeur spécialisé Amplifon, le Nyonnais explose: «On lit que les assurances sociales remboursent à 100% ou que les prothèses sont gratuites pour les aînés, mais c’est faux!»
Le plus souvent, tous les coûts d’un modèle (service d’adaptation et suivi compris) ne sont pas remboursés par l’AVS ou l’AI, qui allouent des forfaits limités (voir tableau). Les dernières analyses de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) montrent que les vendeurs empochent souvent 1000 fr. à 3000 fr. en plus du montant couvert. Plus inquiétant: la moitié des acheteurs bénéficiaires de l’AVS qui ont été sondés disent n’avoir reçu aucune offre d’appareils intégralement remboursés!
Opacité sur les prix
Les vendeurs profiteraient du peu de connaissance des tarifs par les clients et de l’absence de transparence sur le marché pour encaisser des suppléments élevés. Les modèles en vente et leurs tarifs sont rarement affichés. «Nous ne considérons pas qu’une liste des systèmes auditifs disponibles soit utile», justifie Fielmann: on trouvera la meilleure offre au rapport qualité-prix en magasin. Même son de cloche chez Amplifon, pour qui l’importante personnalisation des prothèses rend difficile la définition de prix standardisés.
Sur le site d’Amplifon, en sélectionnant les appareils dits «à tarif zéro» dans les premiers prix de 300 fr. à 1075 fr., on tombe sur un seul exemple: les ampli-easy B1, sans tarif affiché. Interrogée, la société précise que ces prothèses sont vendues 1650 fr., tous services compris. L’acquisition de ce modèle présenté comme offre «premier prix» ne sera en tout cas pas gratuite pour les retraités AVS.
Achat à l’étranger
En plus du flou sur les tarifs, le remboursement est soumis à des conditions strictes. Il faut, pour en bénéficier, un degré de perte auditive suffisamment élevé, confirmé après examen par un médecin ORL reconnu par l’AVS/AI.
Les mêmes forfaits s’appliquent aux modèles acquis à l’étranger. Il reste conseillé de se rendre en magasin, étant donné le manque de transparence sur les prix en ligne, et pour obtenir un conseil spécialisé. Le modèle doit faire partie de la liste des appareils autorisés en Suisse pour être remboursé par l’AVS ou l’AI.
A noter que l’assurance de base ne couvre pas les prothèses auditives. Certaines complémentaires peuvent prendre en charge une partie de ce qui reste à payer. Et des associations comme Pro Senectute ou Pro Infirmis accordent parfois des soutiens financiers aux personnes n’ayant pas les moyens d’acquérir un appareil auditif.
Gilles D’Andrès
Demander plusieurs devis
Pro Senectute conseille aux malentendants de demander des offres détaillées à au moins deux audioprothésistes, avec prix des appareils, du service d’adaptation et du suivi. Puis de comparer.
Conseils:
- S’enquérir du budget à prévoir pour remplacer les piles. A noter que l’AI accorde un forfait annuel de 40 fr. par oreille.
- Tester deux à trois modèles, pendant une durée minimale de 15 jours par appareil.
- Se renseigner sur l’existence d’un droit de retour en cas d’insatisfaction.