De plus en plus de consommateurs souhaitent acheter local et diminuer leur impact environnemental. Une étude menée dans 17 pays de l’UE en 2018 a révélé que 93% des sondés étaient prêts à payer un surcoût pour cela, à condition qu’il ne dépasse pas 10%. En d’autres termes, de nombreux citoyens veulent consommer plus écolo, mais dans la limite de leurs moyens, et sans engraisser les distributeurs. Cette préoccupation est légitime! Bon à Savoir soulignait, récemment encore, que le bio et les produits en vrac peuvent coûter très cher dans certaines enseignes suisses.
Le scandale qui vient d’éclater chez nos voisins français suggère que les consommateurs ne sont plus disposés à tout accepter. McDonald’s France fait, en effet, l’objet de virulentes critiques depuis que ses enseignes vendent… de l’eau du robinet! Et pas pour des clopinettes: le gobelet en carton de 25 cl d’eau plate coûte 1.85 fr. et 2.50 fr. pour 50 cl. aromatisé au citron vert, le demi-litre atteint même 3fr.
L’enseigne a défendu ses tarifs en évoquant notamment le coût de revient de son «eau by McDo», qui est filtrée et, pour certaines déclinaisons gazéifiée et aromatisée. Sans convaincre. Les chiffres sont têtus, comme l’a rappelé un élu parisien: dans la capitale, le litre qui coule du robinet coûte 3,2 centimes, alors qu’il est vendu 5 fr. à 7.40 fr. chez McDonald’s. Une différence abyssale! Et dans un pays où la carafe d’eau du robinet doit être gratuite lorsqu’elle accompagne un repas, ça ne passe pas.
Sur le principe, le changement opéré par la chaîne était pourtant positif, dans le sens où l’eau du robinet est beaucoup plus écologique que celle en bouteille. Une enquête de Bon à Savoir a révélé que la première pollue 1500 fois moins que la seconde. Le fast food s’était même targué de sa soi-disant motivation environnementale dans un communiqué. Il s’agissait de «franchir une nouvelle étape significative de son engagement zéro plastique, en remplaçant les bouteilles par un dispositif plus durable».
La disparition des bouteilles d’eau chez McDonald’s France est en soi une bonne nouvelle. Mais l’opinion publique vient de montrer que cela ne peut pas justifier des prix jugés disproportionnés. L’époque des consommateurs passifs est révolue. Place aux consom’acteurs!
Sébastien Sautebin