Selon l’Office fédéral de l’environnement, deux Suisses sur trois estiment être périodiquement dérangés par le bruit, notamment celui provoqué par les voisins, parfois ceux d’une même famille, d’une chambre à l’autre. A l’heure de la construction, quelques règles fondamentales — malheureusement souvent oubliées pour des raisons pratiques, esthétiques ou pécuniaires — doivent être prises en considération (lire encadré: Réfléchir avant de construire). Il est en revanche impossible d’améliorer la situation sans des travaux relativement conséquents, une fois la maison habitée.
Le son est en effet une vibration qui se propage dans n’importe quel milieu élastique, dans l’air tout comme dans la plupart des matériaux solides, susceptibles de déformation, et donc de transmettre les vibrations. En fait, il n’y a que le vide qui lui résiste…
En revanche, il est possible de sérieusement atténuer le bruit en multipliant les obstacles entre le lieu où il est créé et les oreilles qui ne désirent pas l’entendre, le défi étant de le faire dans un espace minimal.
Le principe masses-ressort
Le niveau sonore est mesuré en décibels (dB), selon un échelle qui est tout sauf linéaire, puisqu’une augmentation de 10 dB est perçue comme un doublement du bruit. Ainsi, une radio diffusant à puissance normale est estimée à 70 dB, mais à 80 dB à puissance élevée. A défaut de persuader le voisin de baisser le volume de sa radio, il va donc falloir créer une cloison permettant d’affaiblir la vibration sonore jusqu’à 40 dB, un niveau très confortable (conversation à voix basse).
Pour y arriver, on utilise le principe des masses et du ressort (voir schéma A). Les masses sont, d’une part, le mur du voisin et, d’autre part, la cloison qu’il convient de construire dans son appartement. Le ressort, c’est l’isolation qui va être placée entre deux. La première masse va réfléchir une partie du son 1, puis les vibrations qui passent tout de même seront partiellement absorbées dans l’isolation 2 avant d’être, une fois encore, réfléchies par la deuxième masse 3 et d’arriver atténuées dans la chambre voisine 4.
Mais le moindre défaut d’étanchéité à l’air va compromettre ce beau principe! Pire encore, les ondes sonores ont la mauvaise habitude de longer les murs latéraux, plafonds et planchers, créant autant de «ponts phoniques» qu’il va falloir «désolidariser» de la nouvelle paroi.
Une épaisseur de 6 cm
La solution communément utilisée est la construction d’une paroi légère, sous la forme d’une ossature de barres métalliques (rails et montants) garnie d’un isolant phonique et habillée de plaques de plâtre (voir schéma B). On veillera bien sûr à ce que cette cloison ne touche pas le mur des voisins, mais aussi à la désolidariser des sols, murs et plafonds avec des joints assez fins, souples et suffisamment larges, appelés bandes résilientes.
Il faut également réduire les zones de contact en laissant les plus grands espaces possibles entre les différents montants de l’ossature, sans compromettre la solidité de l’ensemble: 60 cm suffisent, au lieu des 40 cm parfois recommandés. Mais aussi lutter contre tous les passages d’air, notamment aux jonctions des plaques de plâtre (dans l’idéal, en mettre une double couche en quinconce). Et réduire au strict minimum les canalisations dans la cloison ou la pose de prises électriques et d’interrupteurs.
Le choix de l’isolant
Le choix de l’isolant (absorbant acoustique) est nettement plus complexe. Il fait l’objet d’innombrables blogs entre amateurs avertis sur le web, sans consensus malgré l’intervention de nombreux professionnels! Une seule constante: il doit épouser la forme de l’ossature, sans être comprimé.
La laine de roche, plus dense, est préférable à celle de verre. Et une épaisseur de 5 à 6 cm semble optimale, l’augmenter n’engendrant qu’une faible amélioration acoustique par rapport à la surface supplémentaire exigée et au coût induit. De nombreux fabricants proposent des panneaux (ou rouleaux) spécialement conçus à cet effet, notamment en augmentant la densité des fibres. Sur le plan écologique, selon une étude comparative menée par le Bureau d’ingénieurs lausannois Gilbert Monay*, les isolants naturels (laine de lin ou ouate de cellulose notamment) sont tout aussi performants que les laines minérales, mais évidemment plus chers.
Le prix à payer
Le prix à payer pour ce type d’isolation n’est pas inabordable, surtout si on le fait soi-même. Pour une surface d’une longueur de 3,75 m et d’une hauteur de 2,4 m:
- Ossature (rails + montants) 93.60 fr.
- Laine de roche «acoustique» (épaisseur 60 mm) 84.60 fr.
- Plaques de plâtre 47.70 fr.
- Bandes résilientes 7.30 fr.
- Papier peint, peinture 25.80 fr.
- Divers (produits de jointure, visserie, etc.) 23.70 fr.
Total 282.70 fr.
Christian Chevrolet
BONUSWEB: sélection de sites consacrés à l’isolation phonique
Réfléchir avant de construire
L’isolation acoustique d’une maison doit être considérée dès qu’on imagine sa disposition spatiale. Il convient d’abord de prévoir une zone tranquille, intégrant les chambres à coucher, bureau, salle de lecture, etc., en les juxtaposant en mitoyenneté. Puis de faire de même avec une ou (souvent) plusieurs zones bruyantes, regroupant cuisine, sanitaires, buanderie, atelier, entre autres.
Il faut ensuite déterminer l’origine des éventuels bruits extérieurs. La zone tranquille sera disposée contre les façades qui sont le moins exposées, celles bruyantes à l’opposé. Et concevoir bien sûr directement une isolation du même type que décrit ci-dessus entre les zones calmes et celles bruyantes.