Toujours plus de produits alimentaires présentent, sur le devant de leur emballage, des informations censées renseigner le consommateur sur les valeurs nutritives de chaque portion consommée. Il s’agit des «Repères nutritionnels journaliers», connus sous le sigle RNJ ou GDA en anglais (Guidelines Daily Amounts). Ces données sont généralement désignées de la manière suivante (voir ci-contre):
Comme on le voit ci-dessus, plusieurs catégories de composants jugés critiques pour la santé sont mis en avant: les sucres, les graisses (lipides), les acides gras saturés (lipides saturés) et le sel (sodium). Il est précisé, pour chacun d’eux, la quantité contenue dans une portion et le pourcentage qu’elle couvre comparé aux apports quotidiens con seil lés. A noter que le nombre d’icônes peut varier: parfois seul le nombre de calories apparaît sur le devant des produits.
Manque d’uniformité
Lisibles en un clin d’œil et certes très utiles, ces informations doivent toutefois être prises avec des pincettes. Elles comportent, en effet, un certain nombre d’inconvénients, com me le démontre Corinne Kehl, enseignante à la Haute Ecole de santé de Genève, filière Nutrition et diététique.
Premièrement, il s’agit de valeurs moyennes. Les pourcentages correspondent aux besoins nutritionnels quotidiens d’une femme adulte de poids normal, soit 2000 kcal. Or, les besoins dépendent de nombreux facteurs comme l’âge, le sexe et le niveau de l’activité physique. Ces chif fres sont donc trop bas pour la majorité des hommes (plutôt à 2500 kcal), et bien trop élevés pour les enfants de moins de 8 ans.
Deuxièmement, la taille d’une portion peut varier d’un fabricant à l’autre. Prenons trois sortes de biscuits. Chez Migros, l’étiquetage des chocolats Milk’is présente 103 kcal pour un seul biscuit de 19 g, soit 5% des apports journaliers. Quant aux Farmer Cereal, ils comportent 299 kcal, soit 15% des besoins, mais pour quatre pièces de 60 g. Enfin, les 129 calories des Eimalzin Smiley se basent, elles, sur quatre pièces de 24 g.
Manque de réalisme
Autre exemple frappant: les sauces. Plus elles sont riches, plus la portion mentionnée sur l’étiquette est petite! Le nombre de calories sur la Pesto Basilico d’Anna’s Best chez Migros est de 140 kcal, pour deux cuillères à soupe seulement. Chez Coop, la sauce à la crème pour gibier Betty Bossi contient 182 kcal, pour un demi-paquet (45 g) et la sauce tomate piquante All’arrabbiata comporte 132 kcal, mais, cette fois-ci, pour un paquet entier de 185 ml!
Enfin, il arrive que la taille des portions ne corresponde pas à celles consommées en réalité. Sur l’étiquette du Gran Risotto d’Anna’s Best, un plat précuisiné de 365 g (l’équivalent d’un repas), le nombre de calories représente 7% des besoins quotidiens (140 kcal). Mais, en y regardant de plus près, ces données se réfèrent à la moitié du plat seulement.
Conclusion: le manque d’harmonisation entre les produits et les quantités parfois irréalistes peuvent très vite mener à la confusion. Les in dus triels de l’agroalimentaire étant les pionniers de cette initiative, ils ont tendance à tourner ces informations à leur avantage. Ainsi, même si la démarche est profitable, ces repères restent des indices et ne doivent pas être pris pour argent comptant.
Marie Tschumi