Les mots simples peuvent dissimuler des notions tordues. Demandez à vos collègues ou a vos amis ce que l’appellation «répertoire de la ville» leur suggère. Pour certains, elle évoque le panneau d’information que chaque localité implante dans son centre. Pour d’autres, c’est l’annuaire qui regroupe toutes les adresses utiles d’une commune. Bref, les interprétations peuvent varier, mais toutes tendent à donner un caractère officiel à cette dénomination.
Publication pas officielle
C’est ainsi que Josiane Wey s’est laissé convaincre d’insérer une publicité dans le «répertoire de la ville, section Chêne-Bougeries (GE)». Une manière, pensait-elle de faire rayonner dans les environs le nom de la société qu’elle gère avec son fils et son mari. «Dans mon esprit, ce répertoire était effectivement lié à une parution de notre commune. Mais j’ai été surprise, par la suite, de ne même pas en recevoir un exemplaire à la maison.»
BST Media, éditeur du «répertoire de la ville», joue incontestablement sur l’ambiguïté des termes pour attirer ses clients. Dans ses conditions générales (CG), la société prend d’ailleurs soin de se dédouaner de toute confusion, là où il ne devrait pas y en avoir: «L’annonceur reconnaît que notre représentant ne lui ayant présenté que ladite publication, il ne peut l’avoir confondue avec une publication similaire ou concurrente.»
Si le «répertoire de la ville» est bel et bien imprimé, son éditeur ne nous a pas communiqué son tirage. Il n’a du reste pas répondu précisément à nos questions, martelant que ses activités n’avaient rien à voir avec les arnaques à l’annuaire (lire encadré). Il nous a renvoyé à son avocat, tout en refusant de nous transmettre son nom et ses coordonnées pour plus de précisions sur ce sujet.
Facturation erronée
Ce qui enrage avant tout notre lectrice, c’est la légèreté avec laquelle elle a été traitée. Après s’être acquittée du prix de l’annonce (313.20 fr.) le 19 avril 2012, elle reçoit une nouvelle facture un mois plus tard avec un numéro de référence différent. Elle appelle l’entreprise qui se confond en excuses… avant de lui renvoyer une nouvelle facture le 2 juillet. Une fois encore, BST Media présente ses excuses. Mais le 9 juillet, rebelote: elle découvre une douloureuse dans sa boîte aux lettres.
Josiane Wey aura la paix pendant près de deux mois. «Mais, dans les films, lorsque l’intrus sort par la porte, il arrive qu’il revienne par la fenêtre», glisse la Genevoise avec un humour mâtiné d’agacement. Car la réalité a bel et bien rejoint la fiction avec de nouvelles factures expédiées le 10 septembre, le 26 novembre, le 3 décembre et le 18 février 2013! A chaque fois, BST Media évoque une malencontreuse erreur. Mais l’addition de ces bévues a tout du harcèlement aux yeux de notre lectrice.
Yves-Noël Grin
MISE EN GARDE
Des arnaques à foison
En 2012, le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) a reçu près de 600 réclamations pour des arnaques à l’annuaire. Les entreprises sont les cibles privilégiées de démarcheurs peu scrupuleux qui proposent des inscriptions onéreuses dans des répertoires professionnels bidon. Bien souvent, la signature d’un formulaire a priori anodin se traduit par l’acceptation d’un contrat coûteux et sur plusieurs années.
Il convient donc de lire attentivement toutes les conditions générales avant d’apposer sa griffe. Dans sa nouvelle brochure «Attention à l’arnaque à l’annuaire»*, le Seco explique comment repérer les offres fallacieuses et comment les victimes peuvent agir. Il recommande notamment de contester immédiatement toute facture douteuse par courrier recommandé.
Depuis le 1er avril 2012, il est possible d’adresser une réclamation directement au Seco par le biais d’un formulaire dé-nonçant les pratiques commerciales déloyales. Ce formulaire ainsi qu’une liste de ces annuaires figurent également dans la rubrique «Alertes conso» de notre site.
*Disponible sur www.seco.admin.ch