Partir plus tôt pour profiter de la vie, ou plus tard pour renflouer sa rente: le moment de prendre sa retraite dépend de nombreux facteurs. La révision AVS 2021 permet de débrayer en trois étapes, en diminuant progressivement son pourcentage entre 63 ans et 70 ans. Les femmes nées entre 1961 et 1969 peuvent partir à 62 ans déjà.
Cette flexibilité est toutefois soumise à un cadre légal défini, avec des règles identiques pour les hommes et les femmes. L’âge de référence est fixé à 65 ans, sauf pour les femmes nées en 1961 (64 ans et 3 mois), en 1962 (64 ans et 6 mois) et 1963 (64 ans et 9 mois) (lire «Réforme des retraites, mode d’emploi» sur bonasavoir.ch).
Quel que soit le rythme choisi, si on décroche par étapes, il faut percevoir entre 20% et 80% de la rente.
Exemple: On pourra travailler pendant deux ans à 80% en percevant 20% de la rente AVS, puis deux ans à 50% / 50% et la dernière année à 20% au travail avec 80% de rente.
Cette démarche va dans un seul sens: on peut baisser son taux d’activité et augmenter la part de la rente, mais pas le contraire. Si on touche déjà 50% de sa rente, il est impossible de revenir en arrière et de n’en toucher que 20%. On peut, enfin, combiner anticipation et ajournement, en touchant par exemple une partie de la rente à 63 ans et le reste à 68 ans.
Anticiper sa retraite
Si on prend tout ou partie de sa retraite avant l’âge de référence, cela a des implications financières.
➛ Cotisation: il faut cotiser jusqu’à l’âge de référence, même si on ne travaille pas. Seules les personnes mariées dont le conjoint, encore actif, paie au moins le double de la cotisation minimale (2 x 530 fr. en 2025) y échappent.
➛ Si on continue à travailler à un pourcentage réduit (80% au travail, 20% de rente), la cotisation est perçue sur le salaire perçu à 80%.
➛ Rente: l’anticipation de la retraite a pour effet de diminuer la rente à vie. Si on perçoit une rente partielle, seule celle-ci est réduite. Le reste sera versé intégralement à partir de l’âge de référence.
Ajourner la retraite
On peut travailler à temps partiel au-delà de l’âge de référence et ne toucher qu’une partie de la rente, ou repousser la retraite jusqu’à 70 ans, avec les conséquences suivantes:
➛ Cotisation: si on gagne moins de 16 800 fr. par année, on peut cotiser pour améliorer la rente jusqu’au niveau de la rente maximale, mais on n’y est pas obligé. Au-delà de ce montant, il faut cotiser, même si on touche déjà tout ou partie de la rente.
➛ Rente: si on ajourne tout ou partie de la rente, on a droit à une augmentation qui varie entre 5,2% après une année et 31,5% après cinq ans. On peut décider à tout moment de raccrocher définitivement son tablier. Il faut alors demander un nouveau calcul de la rente.
➛ Pour les couples mariés, le total des rentes ne peut pas dépasser 3780 fr. par mois quand la durée de cotisation a été complète. Si ce montant est déjà atteint, les cotisations de l’un des conjoints après l’âge de référence resteront sans effet et on cotisera «dans le vide». En revanche, on pourra rattraper ainsi les éventuelles lacunes de cotisations.
Les caisses de pension suivent le mouvement
Toutes les institutions de prévoyance ont ajusté leurs règlements pour un départ en douceur, mais elles gardent une marge de manœuvre financière. Il faut se renseigner auprès de sa caisse de pension en ce qui concerne les rentes et la possibilité de cotiser après l’âge de référence.
Les nouveautés touchent aussi le retrait en capital: si on continue à travailler, on peut ainsi en toucher une partie deux ans avant l’âge de référence et le reste plus tard, ce qui permet d’économiser des impôts.
Au bon vouloir de l’employeur
Avant de ficeler un projet de retraite, il faut impérativement en parler avec son employeur. En effet, l’AVS et les caisses de pension doivent allouer des rentes partielles sur demande, mais les entreprises restent quant à elles libres d’accepter une réduction du temps de travail... ou pas.
«Un contrat reflète un accord entre deux parties», rappelle Marco Taddei, responsable romand de l’Union patronale suisse. L’organisme est toutefois favorable à encourager les seniors à faire usage de leurs compétences aussi longtemps que possible pour limiter la pénurie de main d’œuvre.