Au retour des vacances, la lecture du relevé de compte peut réserver des surprises désagréables. Quel que soit le moyen utilisé, les frais de retrait d’argent à l’étranger sont considérables. Le moins mauvais? Utiliser une carte de débit Maestro ou PostFinance. Dans ce cas, les banques se sont mises d’accord pour facturer une taxe de 5 fr. au détenteur – indépendamment du bancomat utilisé et du montant retiré – sauf Credit Suisse et la BCV, qui ajoutent un pourcentage de la somme prélevée. Raiffeisen est la seule à avoir placé la barre un peu moins haut, à 4.50 fr. (voir tableau).
Ce montant fixe est un forfait qui, selon les banques suisses, correspondrait à la moyenne des coûts supportés par la banque émettrice de la carte. Il est en partie composé des frais que l’établissement propriétaire du bancomat facture à la banque suisse, par l’intermédiaire de l’entreprise SIX (sauf pour PostFinance). Sa raison d’être: éviter aux clients la surprise de découvrir le coût de l’opération après chaque retrait, car celui-ci peut varier en fonction du pays, de la banque et du genre de distributeur utilisé.
Plumé des deux côtés
Un vacancier suisse peut-il donc retirer de l’argent n’importe où l’esprit tranquille, sachant qu’il paiera exactement 5 fr. à chaque fois? Eh bien non! Contre toute attente, certains distributeurs facturent en effet une taxe supplémentaire («access fee»), et celle-ci n’est pas déduite des 5 fr. ajoutés côté suisse! «Le détenteur de la carte doit cependant en être informé sur l’écran du bancomat et
y consentir en cliquant sur la touche OK», précise le porte-parole de SIX Jürg Schneider. Cette surtaxe est alors automatiquement ajoutée au montant prélevé. Autrement dit, 100 $ retirés dans un bancomat qui facture 2 $ apparaîtront comme une opération de 102 $ sur le relevé de compte. Somme qui sera convertie en francs suisses, puis grevée des fameux 5 fr.
Nul besoin d’être un fin limier pour flairer l’entourloupe: pourquoi le détenteur doit-il payer une taxe de retrait, alors que le montant forfaitaire de 5 fr. est déjà censé couvrir les frais de tous les acteurs concernés? Notre enquête montre que le client paie bel et bien, en quelque sorte, une taxe à double: SIX nous a confirmé que, lorsqu’une banque étrangère demande un «access fee», l’interchange (les frais interbancaires) est réduit. Autrement dit, la facture reçue par la banque suisse est moins importante. Un aveu que seuls deux des treize établissements que nous avons interrogés (Migros et UBS) nous ont fait! Les autres ont prétendu ne pas connaître le détail des calculs ou ont éludé la question. La BCN, la Banque Coop et Raiffeisen ont même indiqué que, dans les deux cas, les frais restaient identiques pour eux, avant de se rétracter.
Taxe opaque
Il n’en reste pas moins que le montant économisé par l’établissement suisse n’est pas retourné au client, même si UBS l’estime modeste et que la Banque Migros parle de quelques centimes seulement. Selon cette dernière, il serait déjà pris en considération pour fixer à 5 fr. la moyenne des frais. Reste à savoir si ce chiffre correspond bien au coût réel d’un retrait ou si les banques prennent une marge considérable dessus. Difficile à dire, car nous n’avons pu obtenir le détail exact des composantes de ce montant: «Comme les banques sont libres dans la facturation des coûts, les listes de prix de nos prestations sont destinées aux banques mais pas à la presse», lâche le porte-parole de SIX…
Pour éviter que les frais ne grimpent par trop, la seule solution est d’éviter, autant que possible, les bancomats qui facturent une taxe de retrait. Cette information est généralement donnée sur l’écran de la machine au début du processus.
Vincent Cherpillod