Qu’il s’agisse des gares ou des aéroports, les endroits où convergent les voyageurs sont souvent de vastes étendues. Et porter son lourd bagage à travers les immenses halls et autres couloirs interminables peut vite devenir une torture. Voilà pourquoi de nombreuses personnes ont cédé au confort des valises à roulettes, qui dodelinent sagement derrière le touriste en ronronnant plus ou moins bruyamment. Mais à avaler de la sorte les kilomètres, ces marathoniennes ne risquent-elles pas le claquage?
Pour pouvoir juger de leur robustesse, Bon à Savoir a acheté dix de ces valises à roulettes, en choisissant des modèles d’une capacité de 60 litres et plus. Etiquetée à 119 francs, la valise Uccelli (marque appartenant à Globus) est la moins chère du test. A l’autre bout de l’échelle des prix, on trouve la Rimowa, vendue 460 francs. Le laboratoire allemand pour la recherche et l’information en matière de produits (ipi) a fait subir à ces valises un véritable traitement de choc.
Les phases du test
Facilité d’emploi:
Les bagages ont d’abord été notés en fonction de trois critères basés sur leur facilité d’emploi: remplir la valise, la fermer et la transporter. La valise Stratic est la seule à avoir échoué à ces trois examens. Un couvercle trop instable pour tenir ouvert, une sangle trop tendue, une poignée télescopique qui ne se déploie que par à-coups et des fermetures éclair qui glissent mal: le constat global n’est pas brillant. Commentant ces résultats mitigés, le fabricant relève que, pour lui, «c’est la robustesse qui prime, même si le confort d’utilisation peut en souffrir».
La valise Advance a échoué au test du transport uniquement, sa poignée se montrant franchement rebelle. Mieux vaut s’en méfier, si on ne veut pas se
faire coincer les doigts! Un constat qui a du reste aussi été fait pour les modèles de Victorinox, Delsey, Rimowa et Titan.
Durée de vie:
Remplies au maximum de leur capacité, avec une charge en kilos correspondant à la moitié du volume global, les valises ont ensuite été priées de faire leurs preuves en mouvement. Roulées sur de l’asphalte, au pas, elles ont ainsi parcouru 10 km. De leur côté, les poignées télescopiques ont été déployées et rentrées à 5000 reprises.
Epreuve ratée pour la valise Rimowa, dont l’une des roues a cédé après 1 km déjà. La même mésaventure est arrivée au modèle Pack Easy, mais seulement à la fin du périple. Du coup, pour en avoir le cœur net, le laboratoire a répété l’opération.
Deuxième essai concluant
Après ce deuxième essai, les deux roues du Pack Easy affichaient une forte usure. Par contre, le modèle de Rimowa a réussi ce contre-essai de manière impeccable, ce qui n’apparaît pas dans le tableau, seuls les premiers tests ayant été pris en compte. Si Rimowa nous a renvoyés à ses propres tests, lesquels n’ont décelé aucune faiblesse, Pack Easy a affirmé vouloir apporter des améliorations à sa valise.
Résistance aux chutes:
On le sait, les bagages sont souvent maltraités lors des voyages en avion. Pour savoir comment elles y résistent, les valises ont donc été lâchées d’une hauteur variant entre 60 cm et 2 m de manière aléatoire ou, au contraire, visant spécifiquement le bas de la malle ou encore les bords et les roues.
Toutes les valises ont enduré ce traitement avec bravoure, excepté le modèle léger de Delsey. La charnière entre le couvercle et le bas de la valise a été arrachée lors des chutes aléatoires. Et en tombant à plat, le bagage a carrément éclaté, les dents de sa fermeture éclair arrachées. Par le biais de son importateur en Suisse, Delsey a reconnu que ces problèmes avaient déjà été soulevés à l’interne et que des améliorations étaient prévues.
Solidité de la fermeture éclair et de l’enveloppe:
Les experts ont également mesuré la force nécessaire pour faire céder la fermeture éclair et pour enfoncer une épine métallique à travers l’enveloppe extérieure de la valise. Là, les résultats ont globalement été bons.
Imperméabilité:
Quant à l’imperméabilité, la plupart des modèles ont été sanctionnés de la mention «insatisfaisant», le point faible se situant souvent au niveau de la fermeture éclair. Toutefois, comme ces articles ne sont pas vraiment conçus pour être abandonnés sous une pluie battante, ce critère n’a été pris en compte qu’à raison de 10% pour l’appréciation globale.
Test sévère
Du côté des fabricants, Victorinox a vivement réagi, jugeant ce test peu réaliste. «Les valises sont conçues pour supporter une bonne trentaine de kilos, étant donné que c’est le poids maximal d’une pièce de bagage dans le trafic aérien. Y placer 48 kilos, comme cela a été fait avec notre modèle, ne reflète pas une situation plausible.»
Comme il n’existe aucune norme en la matière, le laboratoire a déterminé le poids à placer dans chaque valise en prenant la moitié du volume utilisable, soit 96 l dans le cas de la Victorinox. De plus, comme le relève Swen Richert qui a dirigé le test à l’institut ipi, «des critères très sévères permettent de tirer des conclusions sur la durée de vie du produit».
Patrick Gut / jf