Attendue avec impatien ce par les adeptes des sports de glisse, la neige est, au contraire, redoutée par les automobilistes. Et pour cause! Elle provoque chaque année plusieurs milliers d’accidents sur les routes suisses. Des statistiques alarmantes que les cours facultatifs de conduite hivernale tentent d’améliorer.
Dispensés en Suisse romande par différents prestataires (voir tableau), ces stages de formation continue poursuivent les mêmes objectifs: le perfectionnement de la technique de conduite et la maîtrise du véhicule en toutes circonstances. «Il ne s’agit pas seulement d’apprendre aux conducteurs à sortir de situations périlleuses, mais aussi et surtout de les en prévenir par une prise de conscience des dangers encourus sur une chaussée glissante», précise Gérald Muller, du Centre de formation routière de Savigny (VD). Ce dernier est équipé de pistes glissantes, tout comme le Centre Top-Conduite de Develier (JU), qui propose les stages les moins chers de Suisse romande (lire encadré). La piste de Bourg-Saint-Pierre (VS), située en altitude et utilisée par le Touring Club Suisse (TCS), dépend pour sa part des conditions d’enneigement.
Impact psychologique
Dans un environnement sécurisé et au volant de leur propre voiture, les participants enchaînent les exercices pratiques, sous l’œil avisé et pédagogue des instructeurs: freinage normal et d’urgence avec et sans ABS, évitement d’obstacles, conduite en virage ou encore freinage en virage. Plus que la tôle, c’est l’orgueil qui risque d’être froissé par quelques dérapages incontrôlés! Toujours est-il qu’à l’issue de cette journée d’apprentissage, les fiers-à-bras ressortent plus humbles et les inquiets plus confiants, mieux sensibilisés aux limites de leur pilotage.
Les limites du véhicule, quant à elles, sont généralement abordées dans la partie théorique. La qualité du pneumatique, seul élément en contact avec la chaussée, joue ici un rôle primordial.
Jean-Pascal Bersier, instructeur TCS, tient d’ailleurs à défaire un mythe: «L’adhérence des pneus d’hiver n’est pas seulement meilleure sur la neige, mais dès que la température tombe au-dessous de 8° C. A ce titre, les utiliser d’octobre à avril n’est pas un problème, d’autant qu’ils évacuent bien l’eau.»
Les conducteurs prudents s’équiperont donc en conséquence, même si la loi ne les y oblige pas. En revanche, en cas d’accident ou de perturbation de la circulation, l’utilisation de pneus d’été reste punissable et l’assurance peut se retourner contre l’insouciant.
Pneus toutes saisons: non!
Le TCS rappelle également que les pneus toutes saisons représentent un mauvais compromis, tant en matière de sécurité que de rentabilité. Il conseille donc de monter des pneus d’été avec un profil minimal de 3 mm (1,6 mm selon la loi) pour la belle saison et des pneus d’hiver avec un profil minimal de 4 mm (idem) pour les frimas. Mais attention: la durée de vie d’un modèle d’hiver, même s’il semble peu usé, ne dépasse pas quatre à cinq ans.
Dans la mesure du possible, les quatre pneus seront de marque et de type identiques. Jean-Pascal Bersier en profite d’ailleurs pour briser une autre idée reçue: «Si les pneus présentent un profil différent, il faut réserver la meilleure paire pour l’arrière, quel que soit le mode de transmission du véhicule.» Contrairement à ce que prétendent encore de nombreux garagistes, une voiture à traction (roues avant motrices) gagnera ainsi en stabilité, en limitant les risques de décrochage et de tête-à-queue.
Lorsque les conditions de la route sont mauvaises, il ne restera alors plus qu’à respecter les règles de sécurité élémentaires suivantes: déneiger les vitres, les phares et les essuie-glaces, allumer ses phares, réduire sa vitesse, augmenter la distance sécuritaire entre les véhicules et anticiper l’annonce de ses manœuvres.
Frank-Olivier Baechler
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
GROS PLAN
Rabais sur demande
Si la sécurité n’a pas de prix, elle n’est pas gratuite non plus: il faut ainsi débourser de 200 fr. à 390 fr. pour une journée de formation en conduite hivernale. Il existe des solutions pour faire baisser la facture, à condition, bien sûr, d’en faire la demande.
- Le Fonds de sécurité routière alloue aux conducteurs de moins de 30 ans une subvention de 100 fr. pour les stages recommandés par le Conseil suisse de la sécurité routière (CSR). Les offres du TCS Test & Training et du Centre Top-Conduite, à Develier, en font partie. Le formulaire de remboursement peut être téléchargé sur le site www.vsr.ch.
- Les assurances auto accordent parfois des avantages. Notre pointage démontre, par exemple, que Helvetia attribue une baisse de deux degrés de bonus aux conducteurs de moins de 25 ans qui suivent des cours de formation continue. La Bâloise en fait de même, mais sans limite d’âge, et paie 15% du prix des stages reconnus par le CSR. La Mobilière, pour sa part, accorde un rabais de prime de 5% sur l’assurance voiture et offre un bon de 100 fr. à faire valoir chez ses partenaires (TCS et Top-Conduite). Dans ce cas, le calcul est vite fait: un jeune de moins de 30 ans affilié à La Mobilière pourra suivre gratuitement le cours sur chaussées glissantes de Develier.