Quelque 700 000 personnes se rendent chaque année au Salon de l’auto de Genève, l’un des quatre plus importants au monde. Cet afflux spectaculaire engorge considérablement tant le réseau routier que les trains à destination et au départ de Genève. Pour limiter les dégâts, les CFF font circuler depuis plusieurs années des convois supplémentaires et recommandent activement à la clientèle d'en profiter. Des billets combinés qui proposent un rabais de 10% sur le trajet et de 30% sur le billet d’entrée contribuent à inciter les visiteurs à laisser leur voiture au garage.
«Manifestement, ces trains ne suffisent pas!», nous a informé une usagère des transports publics qui pendule tous les jours entre Lausanne et Fribourg. Elle a observé des passagers forcés de voyager debout dans le convoi qui quitte Genève-Aéroport à 16 h 32 pour desservir Lausanne, Fribourg, Berne et Zurich. «Et j’étais pourtant dans le dernier wagon, généralement le moins occupé», complète-t-elle.
Dernier «spécial» trop tôt
Selon notre enquête, cette situation n’est pas surprenante: sur cet axe, le dernier train spécial quitte Genève-Aéroport à 15 h 27, alors que l’exposition ferme à 20 h. Les visiteurs qui sortent de Palexpo en fin de journée sont donc contraints d’utiliser les liaisons usuelles, déjà fortement sollicitées à cette heure de pointe.
Plus surprenant encore, en nous penchant en détail sur les aménagements mis en place par les CFF ces dix dernières années pour la Suisse romande, nous avons constaté que le nombre de convois spéciaux est en constante diminution. Ainsi, en 2011, 104 d’entre eux (au départ ou à destination de Genève) venaient compléter l’offre de base au total des 11 jours d'ouverture. En 2014, il n’y en avait plus que 75, puis 52 depuis 2017 (voir graphique ci-dessous).
Deux fois moins de places
Cette baisse s'accompagne logiquement d'une diminution du nombre de places disponibles. Selon deux sources, 143'000 sièges étaient à disposition des visiteurs en 2013, contre 70'000 aujourd’hui. A l'époque, ils permettaient donc de transporter environ 20% du total des visiteurs. Aujourd’hui, il suffit que 10% d’entre eux se rendent au salon en train pour que les «spéciaux» soient pleins. Par conséquent, le surplus se déverse sur les lignes régulières.
Du côté des CFF, on ne conteste pas la baisse du nombre de supplémentaires. «Mais les convois réguliers, eux, sont plus nombreux qu'avant sur l’axe Est-Ouest», se défend l’ex-régie fédérale. Selon son porte-parole Jean-Philippe Schmidt, elle aurait également constaté un tassement du nombre de personnes se rendant au Salon de l’auto par le rail, en dépit des incitations.
«Pas de réclamations»
La baisse de l'offre spécialement destinée aux visiteurs du salon aurait donc été compensée par la hausse du nombre de trains qui circulent toute l’année. Mais dans le même temps, les pendulaires qui les utilisent sont plus nombreux aussi... Notre enquête de 2015 le montrait déjà: aux heures de pointe, certaines lignes arrivent à saturation (lire «La place manque dans les trains»).
«Nous analysons la situation chaque année et, si besoin, adapterons notre offre l’an prochain», promet Jean-Philippe Schmidt. Il ajoute que l’entreprise n’a pas encore enregistré de réclamation cette année à ce sujet.
Vincent Cherpillod