Il faut le voir pour y croire.
- Le 9 février dernier, un homme d’affaires aurait pu réserver un billet d’avion chez Swiss pour un vol Genève-Bruxelles (aller le 24 février, retour le lendemain), au meilleur prix de 314 fr. Distance à vol… d’oiseau: 820 km.
- Or, le même jour, il aurait dû débourser presque cinq fois plus, soit 1486 fr. pour rejoindre la capitale belge aux mêmes dates et à peu près aux mêmes heures, mais au départ de Zurich. Pourtant, n’importe quel volatil vous dira que, en s’envolant de Kloten plutôt que de Cointrin, il va s’épargner 327 km! Et le passager en partance de Bâle-Mulhouse peut lui aussi essuyer ses lunettes: il lui faudra en effet débourser 1444 fr. pour rejoindre Bruxelles.
- Mais notre rapide sondage montre que la situation inverse existe aussi: lors d’une réservation, le même jour pour les mêmes dates, d’un billet pour un vol Bâle-Hambourg aller-retour, le meilleur prix n’était que de 129 fr., alors qu’il était presque six fois plus cher (761 fr.) en partance de Genève.
Le poids du monopole
A quoi sont dues de telles différences de prix? La réponse est simple: la présence ou non d’une concurrence à la compagnie Swiss. C’est le cas à Genève, où easyJet et Brussels Airlines proposent également des vols directs en direction de Bruxelles. Rien de tel, cependant, au départ de Zurich ou de Bâle-Mulhouse, où Swiss dispose d’un monopole de fait.
Le tableau ci-dessous est édifiant: dès que la compagnie helvétique partage ses vols avec au moins un concurrent (bloc supérieur), ses tarifs sont non seulement très abordables, mais parfois même… sans concurrence! Lors de notre réservation, le 9 février, le prix aller-retour de Swiss pour voler entre Bâle et Hambourg était, par exemple, de 129 fr., alors qu’easyJet demandait 145 fr. Cela reste toutefois une exception: même si les tarifs de Swiss sont concurrentiels, les «petits» (Air Berlin, Ryanair, etc.) restent souvent plus avantageux.
En revanche, aucune raison de se gêner lorsqu’il y a un monopole: 1480 fr. au mieux pour un aller-retour à Athènes au départ de Genève. Que ceux qui veulent mieux partent de Lyon, d’où Swiss proposait, toujours à comparaison égale, un billet aller-retour pour… 333 euros (436 fr.).
Gains substantiels
Certes, ces prix concernent plutôt les hommes d’affaires (voyage de 24 heures environ). Il en irait vraisemblablement autrement avec quelques nuitées entre l’aller et le retour. Et Swiss n’est pas seule à prendre ainsi ses aises lorsqu’il n’y a pas de concurrence: c’est le fait de presque toutes les compagnies aériennes internationales. Il n’empêche: c’est notamment ainsi qu’elle a pu, avec ses 89 avions, réaliser 232 millions de gains durant les trois premiers trimestres de 2010, soit une participation de presque 30% aux 800 millions enregistrés par Lufthansa!