C’est un vrai film d’horreur. Ou plutôt une pellicule noirâtre qui vient inopinément se déposer sur les murs et les plafonds d’un logement. Le résultat n’est pas franchement ragoûtant: les dépôts sont sombres et graisseux comme de la suie. C’est qu’on appelle le «fogging» ou «black magic dust» (pour poussière noire magique) en référence à la vitesse à laquelle le phénomène peut survenir.
Origine trouble
Le plus étonnant, c’est qu’il touche en priorité les logements neufs ou fraîchement rénovés. Il suffit alors d’un brin de chauffage pour que les particules se manifestent. Mais, contrairement à d’autres polluants domestiques (lire encadré), elles ne comportent pas de danger pour la santé. C’est du moins les conclusions auxquelles sont arrivées les différentes études sur le sujet.
Les investigations du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) ont permis d’établir que le «fogging» contenait principalement des composés organiques peu volatils: plastifiants pour matière plastique, acides gras issus de la cire des bougies, de textiles, du cuir ou de produits cosmétiques. On y trouve également bien d’autres ingrédients comme des composants de peintures ou de produits de nettoyage.
Difficile à éliminer
Ce cocktail très hétéroclite rend l’origine du «fogging» très difficile à déterminer. Tout indique néanmoins que les matériaux de construction (recouvrements des sols et des murs, peintures, colles, etc.) y sont pour quelque chose: ils libèrent des composés organiques semi-volatils qui se lient à des particules fines (suie de cheminée, des bougies, etc.).
Plutôt tenaces, ces particules ne disparaissent pas en deux coups de cuillère à pot. Même les détergents les plus coriaces ne permettent pas d’en venir à bout. Il convient alors de nettoyer la surface noircie avec de l’eau chaude savonneuse, de bien la laisser sécher et d’aérer la pièce en suffisance. Ne reste alors qu’à ressortir rouleaux et pinceaux pour restaurer ces surfaces en préférant une peinture sans plastifiant ni solvant.
Quand cela ne suffit pas...
Parfois pourtant, le «fogging» peut récidiver si les causes n’ont pas été éradiquées. Dans un premier temps, il convient de prendre quelques mesures basiques: aérer régulièrement, maintenir un taux d’humidité suffisant pour réduire les effets électrostatiques et éviter les sources de fumée (bougies, encens...).
Si ces précautions ne suffisent pas, des dispositions plus lourdes peuvent s’imposer: changement des revêtements de sol, suppression d’éléments (meubles, panneaux, etc.) en PVC, voire modifications architecturales pour supprimer des ponts thermiques.
Yves-Noël Grin
Aérer, c’est la santé
Le «fogging» est très visible, mais les connaissances actuelles prétendent qu’il n’a pas d’effets néfastes sur la santé. D’autres polluants sont nettement plus discrets, mais autrement plus pernicieux.
Le plus redouté est le radon (lire «Le radon, pire que Tchernobyl», TCF 5/2011), un gaz naturel radioactif qui pénètre dans les habitations en profitant du manque d’étanchéité des sous-sol. Selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), il ferait 200 à 300 victimes en Suisse par an, en provoquant le cancer du poumon!
Mais, à l’instar du formaldéhyde, d’autres composés organiques volatils présents dans les matériaux de construction, le mobilier et les produits de nettoyage participent à cette pollution ambiante. Et la source de pollution la plus importante de l’air intérieur reste la fumée du tabac!
Pour que la qualité de l’air soit optimale, l’aération est prépondérante. C’est d’autant plus vrai que les constructions modernes sont très étanches pour des raisons énergétiques.