Grâce aux produits en vente dans le commerce, se colorer les cheveux est devenu un jeu d’enfant. D’ailleurs, selon des estimations de la branche, deux femmes sur cinq, ainsi qu’un nombre croissant d’hommes, le font couramment. Pourtant, ces produits, soumis à aucune autorisation préalable, peuvent agresser la peau. De plus, de récentes études américaines ont établi un lien entre certains composants des colorations et le cancer.
Le test de Bon à Savoir, portant sur les treize produits les plus vendus en Suisse, a également démontré qu’une teinture n’est jamais sans risques. En effet, à l’issue des analyses, aucune des colorations ne peut être conseillée sans réserve.
Les phases du test
Deux laboratoires – l’Institut allemand Fresenius et Interlabor Belp – ont examiné la teneur en allergènes et autres substances problématiques de colorations sans oxydation (rinçages) et permanentes. Voici ce qu’ils ont découvert:
- Tolérance cutanée: pour cette phase cruciale du test, une quantité infime du produit prêt à l’emploi a été appliquée sur le dos de 30 personnes âgées de 18 à 60 ans. La zone testée, protégée d’un pansement, n’a pas été lavée durant 24 heures. Les dermatologues ont ensuite examiné chacun des volontaires pour y déceler d’éventuelles réactions cutanées après 24, 48 et 72 heures.
Résultat: trois des produits testés par Bon à Savoir sont déconseillés, car ils ont déclenché une irritation de la peau sur une personne de l’échantillon test (voir tableau ci-dessous). Le pire des trois: le gel Expression de Garnier, qui a provoqué une nette irritation durant 72 heures. Tandis que, sur la même personne, le Cristal Color (Garnier) et le Casting (L’Oréal) ont irrité la peau pendant 24 heures.
Selon Hanspeter Rast, médecin auprès de la CNA: «Tout ce qui teint vraiment bien contient des allergènes.» Et même les plus grands producteurs de produits de coloration, Schwarzkopf & Henkel, L’Oréal et Les Laboratoires Garnier, admettent la possibilité de réactions allergiques. Mais il ne s’agirait, selon eux, que d’un cas d’allergie sur un million de paquets vendus.
- Nitrosodiéthanolamine: la recherche de cette substance constitue une autre étape importante du test. Car des travaux, menés dès les années 60, sur 300 dérivés de la nitrosamine ont conclu à l’effet cancérigène de 90% d’entre eux. Une quantité infime peut déjà déclencher le cancer chez les animaux. Et, à ce jour, aucune espèce animale n’a su résister à cet effet cancérigène. Autre danger: les nitrosamines peuvent altérer les cellules.
Résultat: deux produits, le Movida de Garnier et le Casting, sont déconseillés. L’un affiche 980 microgrammes/kg (!) de nitrosodiéthanolamine et l’autre 100. A titre de comparaison, parmi les produits ne contenant qu’une faible quantité de cette substance, le Brillance de Poly Color n’en recèle que 16 microgrammes/kg. C’est pourquoi il fait partie du groupe des «peu conseillé».
Anna Barbara Wiesmann, responsable du Service cosmétique à l’Office fédéral de la santé est consternée par nos résultats: «Dans les cosmétiques, le seuil de tolérance des nitrosamines est de zéro.»
Quant à Roger Piguet, directeur de Lorsa SA, distributeur de L’Oréal et des Laboratoires Garnier, il se montre «étonné» de ce résultat tout en minimisant les concentrations découvertes.
- Formaldéhyde: cette substance n’a été décelée qu’en faibles quantités. Elle n’a donc pas été déterminante pour le verdict global. Seules les personnes allergiques au formaldéhyde doivent faire preuve de prudence.
Résultat: les experts ont trouvé du formaldéhyde dans quatre produits. Soit dans le gel Belle Color et le soin-crème Movida, tous deux de Garnier, ainsi que dans l’Excellence et le Casting de L’Oréal.
Points positifs
Les analyses ont aussi abouti à quelques résultats réjouissants. Les experts n’ont ainsi pas décelé d’hydrocarbures polyaromatiques, autre substance cancérigène. Aucun des produits testés ne contient non plus d’acétate de plomb, la seule substance expressément interdite dans les colorations pour cheveux. Et aucune des teintures ne viole l’obligation d’indication de composition et de mise en garde. Cependant, sur les emballages de Migros, les avertissements, écrits en très petits caractères, sont plutôt sommaires.
Enfin, notre test démontre une fois de plus que payer un produit cher ne signifie pas forcément qu’il est de qualité. Ainsi, parmi les articles «conseillés avec réserve», faisant partie des colorations les moins agressives pour les cheveux, se trouvent le Curl Color Soft et le Curl Color Intensiv de Migros, coûtant respectivement 6,80 fr. et 7,20 fr. Soit les deux produits les moins chers.
Comment ça marche
Le rinçage teint en douceur
Pour ne pas voir rouge en voulant changer de couleur, il faut choisir le bon produit.
Produits non oxydants, aussi nommés rinçages dans le langage populaire, ou coloration du groupe 1. La coloration des cheveux est passagère. Elle s’estompe au lavage.
Méthode: enrobage des cheveux d’une couche de couleur.
Durée: 6 à 8 lavages.
Points forts: méthode la moins dommageable pour les cheveux, car le produit ne contient ni ammoniaque, ni eau oxygénée.
Produits semi-permanents, aussi appelés «ton sur ton» ou coloration du groupe 2. La coloration s’estompe au lavage.
Méthode: pénétration de pigments colorants dans la cuticule du cheveu, sans pour autant modifier sa pigmentation propre.
Durée: jusqu’à 20 lavages.
Points forts: meilleure durabilité; les racines ne sont en principe pas visibles à la repousse. Le produit ne contient pas d’ammoniaque.
Produits permanents ou coloration du groupe 3.
Méthode: pénétration des pigments colorants dans le cortex et la cuticule du cheveu. Ces produits contiennent deux composants à mélanger soi-même.
Durée: permanente.
Points faibles: il faut reteindre les racines environ tous les mois, lors de la repousse.