Pour Sarah et Jérémie*, comme pour des milliers d'autres couples avant eux, la nouvelle a beau avoir été espérée des mois durant, elle a eu à peu près le même effet qu'un tsunami: ils vont être parents! «On passe alors par tous les états d'âme, se souvient Sarah. La première réaction, c'est évidemment une énorme joie. Puis, au fil des jours qui passent, on se pose plein de questions avec, parfois, des petites crises d'angoisse à la clé… Saurons-nous faire front? Aurons-nous la patience nécessaire? Mais, aussi, où trouver le temps nécessaire pour pleinement s'occuper de bébé?»
Parmi les nombreuses conséquences terre-à-terre auxquelles le jeune couple se trouve confronté, il en est une à laquelle INFO-Conseils, peut aider à répondre: quel sera l'impact sur le budget du ménage si Sarah diminue son temps de travail pour consacrer une journée de plus à son futur enfant?
A priori, le calcul paraît simple. Jérémie travaille à 100% et gagne 6000 fr. par mois, tandis que Sarah travaille à 80% et gagne 4800 fr. par mois. En diminuant son horaire à 60%, le salaire sera logiquement réduit à 3600 fr. et la perte sèche sera donc de 1200 fr. par mois. Pas si simple…
En effet, on parle, ici, de salaire brut. Et, pour bien comparer, il convient de tout transformer en salaire net après impôts. Autrement dit, à l'argent qui reste disponible après les déductions habituelles (AVS et LPP), mais aussi la ponction fiscale, très variable en fonction du revenu et de la situation familiale.
«Rabais» fiscal pour un enfant
Première comparaison intéressante: Sarah et Jérémie, mariés mais n'appartenant à aucune religion, habitent la ville de Genève. Avec leurs salaires actuels (10 800 fr. brut), ils ne sont pas les moins bien lotis en Suisse romande. Ils paient, en effet, un montant total de 18 836 fr., contre 21 839 fr. à Neuchâtel, mais 14 352 fr. à Sion… (voir tableau A, chiffre 1). S'ils gardent leur occupation, et donc leurs salaires actuels, ils auront droit à une réduction de 3470 fr. dès l'année qui suit la naissance de leur enfant (2). Proportionnellement, c'est l'un des rabais les plus généreux (18,4%), excepté – une fois encore – le Valais (23%) (3).
Ils auront également droit, et cette fois dès le mois suivant l'heureux événement, à des allocations familiales de 300 fr. par mois (voir tableau B), toutefois imposées comme un revenu.
Avec réduction du temps de travail
Voyons maintenant les conséquences du souhait de Sarah (diminuer son temps de travail de 80% à 60%) sur le salaire du couple. Et, parce que l'argent disponible chaque fin de mois sur son compte en banque parle plus qu'un revenu annuel brut, transformons tout en salaire mensuel net. Celui de Sarah et de Jérémie est actuellement de 8321 fr. une fois les impôts déduits (voir tableau C, chiffre 4). Si Sarah diminue son taux de travail à la naissance de l'enfant, il passera à 7757 fr. (5), ce qui représente un manque à gagner de 563 fr. (6). Mais, grâce à l'allocation familiale (7), la perte sèche se limite à 263 fr. par mois (8) (contre 1200 fr. «estimés» à vue de nez au début de l'article).
Reste qu'il faut ajouter à ce déficit les coûts de l'enfant (819 fr. en moyenne), ce qui fait que, concrètement, Sarah et Jérémie vont devoir serrer leur budget de plus de 1000 fr. par mois.
On a beau dire que, lorsqu'on aime, on ne compte pas, l'addition est lourde!
Christian Chevrolet
* Prénoms fictifs.
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.