Les magazines d’information et de défense des consommateurs (dont Bon à Savoir en Suisse romande) considèrent leur initiative comme une étape vers une réelle prise en compte des attentes des consommateurs pour un service public fort. Si l’initiative a été rejetée, les problèmes soulevés demeurent: augmentation constante des prix, baisse des prestations, course aux profits, impôts déguisés, absence de transparence, salaires démesurés des hauts dirigeants et salariés sous pression.
Quelque 800 000 citoyens (32,4%) ont indiqué vouloir un changement en votant «oui» contre l’avis unanime des parlementaires et du Conseil fédéral. Durant la campagne, les arguments ont cruellement fait défaut chez les opposants, convaincus que le seul fait que tous les partis parlementaires soient contre suffise à rejeter le texte… Or, un tiers des votants ne partage pas cet avis et souhaite être entendu.
Le surveillant des prix, Stefan Meierhans, l’a très bien compris en déclarant à l’issue du scrutin: «Par leur démarche, les initiants ont contraint les politiques – qui ne voulaient rien savoir au départ – à accorder une plus grande importance aux entreprises du service public. Et, en cela, elle impose le respect.»
Indépendament du résultat des urnes, cette prise de conscience a bien eu lieu. Si les partis de gauche et du centre n’ont pas proposé de contre-projet, ils se sont engagés à étudier de plus près le fonctionnement des entreprises du service public. La question des salaires des dirigeants a déjà fait son entrée au Parlement et la course aux bénéfices ainsi que leur utilisation seront également surveillés.
En cela, l’initiative a donc partiellement atteint son objectif. Les démarches en cours et leurs effets devront toutefois être suivis de près. C’est ce que nous ferons tout au long des mois à venir, confirmant notre rôle d’observateurs neutres et critiques, au service d’aucun parti politique avec, au cœur de nos actions, le seul intérêt des consommateurs.
Vos réactions
Vous avez été nombreux à nous écrire, durant et juste après la campagne politique, pour témoigner ou tout simplement nous remercier d’avoir entrepris une telle démarche. Un immense merci à toutes et à tous, abonnés ou non, pour vos messages de soutien. Voici une petite sélection de ces courriers.
Me référant à l’émission Infrarouge concernant votre initiative, je voudrais vous remercier de l’avoir lancée et, d’autre part, de l’avoir défendue avec autant de sérénité et de compétence. Rosely Flury
«Bataille gagnée, partie perdue», peut-on se permettre d’écrire. L’initiative n’a pas passé la rampe mais le salaire plafonné des dirigeants a suscité beaucoup de commentaires. Il y a plus de 15 ans que je râle concernant le salaire de nos ministres. Le mercredi où RFJ a publié les 141 mesures d’économie pour le canton du Jura, je me suis permis, lors de l’assemblée, ce soir-là du PDC, ville de Delémont, de dire que j’espérais que les salaires des ministres en faisaient partie. Or, il n’en est rien, bien au contraire, ils se sont attribué une augmentation et leur retraite a été encore améliorée. (…) Vous avez sûrement reçu beaucoup de courriers et je m’associe aux félicitations qui vous ont été adressées. Jean-Marie Borruat
Bonjour, je tiens à vous signaler que je travaille à La Poste Suisse, à Daillens 1310, comme chauffeur poids-lourd et que j’ai reçu mon congé étant donné que le département poids-lourds sera arrêté le 31 octobre de cette année. Je vous signale qu’il n’y aura plus de camions jaunes dans toute la Suisse, les transports poids-lourds se feront par des privés pour pouvoir économiser et donner de nouveau un bonus à notre directrice (…). Philippe Borgeaud
Je suis une parmi les millions de clients et de clientes qui se sentent floués par nos services de l’Etat devenus de «véritables vaches à lait» au service de Berne… A titre d’exemple personnel, on a voulu supprimer ma case postale gratuite, pour la remplacer par une payante, 24 fr./mois. Après protestations et négociations, j’ai obtenu une prolongation de deux ans de la case gratuite. Le service de remise de courrier à une tierce personne, gratuit il y a encore quelques années, est devenu payant: 30 fr. par an et par personne. Le bureau de poste de Cerniat a été fermé il y a quatre ou cinq ans. Le bureau de poste de Charmey est à 4 km de Crésus, où j’habite… Les bureaux de poste sont devenus de vraies «épiceries et échoppes de buralistes» faisant ainsi disparaître de nombreux petits commerces, etc. La désinformation des différentes associations et des regroupements cantonaux et communaux est juste éhontée. S. E.-S.
Un tout petit message pour vous dire merci pour votre initiative. Elle n’a pas passé et c’est dommage. Mais on sait aussi qu’il en faut parfois plus d’une pour que la population comprenne bien les impacts d’une initiative. Encore que, dans le cas présent, il y a eu, à mon avis, des actions que les entreprises concernées n’auraient jamais dû se permettre, notamment à l’égard de leur personnel. Mais voilà, je voulais surtout féliciter Madame la rédactrice en chef (…) de son attitude très positive, pondérée et sans aucune agressivité. (…) C’était impressionnant alors que certains, que je ne nommerai pas, l’ont agressée et que la «rage» contre l’initiative (…) se lisait sur leur visage. Leur comportement m’a déçue. «Ah, me disais-je, cette idée-là leur avait échappé.» Et ils ne pouvaient pas le supporter. Avec mes sincères remerciements pour tout ce que vous faites pour les consommateurs. Colette Suter
A vous, Zeynep Ersan Berdoz, ce petit mot pour vous remercier de tout cœur et vous féliciter de votre engagement dans la lutte que vous avez courageusement entreprise pour essayer d’«assurer un vrai service public» aux citoyens suisses. Je fus et suis encore émerveillée de tout le temps, l’énergie, la détermination, le courage, mais aussi l’élégance que vous avez déployés, sur le plan tant humain que politique, dans cette entreprise (…). Très sincèrement avec mes pensées cordiales. Myrielle Gugg