Un ami qui peut faire du mal
Si l’on s’expose trop au soleil, la sanction est immédiate: les rayons ultraviolets (UV-B) brûlent la peau, et c’est le coup de soleil assuré. Mais, à long terme, lorsque les excès ont été multiples, les conséquences potentielles sont bien plus graves. En effet, les cancers de la peau liés aux UV constituent la forme de cancer la plus répandue en Suisse, avec quelque 20 000 cas diagnostiqués chaque année, dont 2200 mélanomes. Ces derniers sont les plus dangereux, parce qu’ils peuvent former des métastases. «Lorsque la prise en charge se fait à un stade précoce, ils sont presque toujours guérissables», rassure toutefois Olivier Gaide, responsable des cancers de la peau au Service de dermatologie du CHUV. D’où l’intérêt d’inspecter régulièrement son corps, sans verser dans la parano. Le spécialiste recommande de le faire quatre fois par an, au changement de saison. Il est important de bien connaître sa peau, car on repérera plus facilement l’apparition d’une tache pigmentée suspecte ou des modifications parmi celles qui existent déjà.
A la bonne heure
Une stratégie essentielle, pour profiter de ses vacances estivales sans se transformer en écrevisse, est d’aménager ses journées intelligemment. Sachant que deux tiers des rayons UV atteignent la surface de la Terre entre 11 h et 15 h, «il faut, dans l’idéal, éviter d’être au soleil à ces heures-là, ou, au moins, entre 12 h et 14 h», note Olivier Gaide.
L’ombre constitue tout simplement la meilleure protection. On mangera donc judicieusement à l’abri d’un bâtiment ou à l’intérieur et on profitera, le cas échéant, de faire une petite sieste. On peut aussi visiter un musée quand le soleil est à son zénith et se balader avant et après. Ceux qui aiment la plage, la fréquenteront, par exemple, de 8 h à 11 h et l’après-midi, de 15 h à 19 h.
On ne passe pas entre les mailles!
Les habits constituent une excellente protection, sans qu’il soit nécessaire d’acheter des articles estampillés «anti-UV». Il suffit de choisir des vêtements avec des fibres fines et serrées. Pour en avoir le cœur net, regardez le tissu face à une lampe. Si les rayons lumineux ne passent pas, les UV non plus. Les couleurs foncées protègent mieux, mais emmagasinent plus de chaleur. Mieux vaut donc un vêtement plus clair qui protège un peu moins, mais qu’on mettra en vacances plutôt qu’un autre qui restera dans la valise. Autres astuces: une chemise à manches longues se retrousse facilement et permet aussi de protéger les bras.
Les têtes intelligentes se protègent
«Au CHUV, nous voyons beaucoup de personnes avec un cancer de la peau sur la partie haute des oreilles. Et nous en voyons encore davantage sur les scalps des chauves», confie Olivier Gaide. Le couvre-chef s’impose donc, qui plus est lorsque la tignasse est clairsemée. En toute logique, plus un chapeau est grand, plus il protège le visage, les oreilles et la nuque. Mais ici aussi le pragmatisme doit l’emporter: choisir avant tout un modèle qu’on portera vraiment.
Comme la peau, les yeux disposent aussi d’un capital soleil limité. En 2015, un test de Bon à Savoir sur les lunettes de soleil a fourni des résultats étonnamment positifs: les vingt modèles achetés dans les grandes surfaces ou chez les opticiens offraient tous une très bonne protection contre les UV. Même le modèle le meilleur marché qui était vendu moins de 20 fr.
L’illusion de l’écran total
L’ombre et les habits restent les meilleures barrières contre le rayonnement. Les crèmes solaires ne devraient être considérées que comme un appoint. On gardera à l’esprit qu’elles n’offrent jamais un écran total, contrairement à ce que la publicité a pu prétendre. Un indice 20 arrête tout de même 95% des rayons UVB, le 30 en bloque 96,6% et le 50 en stoppe 98%. Mais ces valeurs reposent sur des mesures effectuées en laboratoire avec une quantité de 2 mg par cm2 de peau. Dans les faits, la plupart des personnes en appliquent moins, d’où une protection réelle bien inférieure. Dans tous les cas, procédez à deux applications préalables successives en 15 minutes pour bien couvrir toutes les zones qui seront exposées et renouvelez au minimum toutes les deux heures. Tenez compte de l’heure, de l’altitude, de la latitude et de votre peau.
Des doutes planent sur l’innocuité de certains composants. La Ligue suisse contre le cancer estime que, sur la base des connaissances actuelles, l’utilité des crèmes solaires l’emporte sur d’éventuels risques liés à leur utilisation. On évitera d’exposer les flacons à de fortes chaleurs et au soleil, car les sous-produits de dégradation peuvent être toxiques. Et, pour savoir si vous pouvez encore utiliser un ancien tube ouvert, examinez le produit: s’il dégage une odeur désagréable, contient des grumeaux ou n’est plus homogène, jetez-le.
Le plein de vitamine D
Nos apports en vitamine D ne proviennent de l’alimentation qu’à hauteur de 10% à 20%. Cette substance primordiale pour les os et les muscles est essentiellement produite par la peau sous l’effet du rayonnement solaire. Faudrait-il donc se laisser rôtir pour faire le plein de vitamines? Non! Une étude de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) démontre que, durant la belle saison, le temps d’exposition nécessaire pour produire les besoins journaliers en vitamine D est nettement plus court que celui à partir duquel on risque un coup de soleil!
«En été, à midi, la quantité de vitamine D est produite en moins de dix minutes», note l’OFSP, qui juge néanmoins préférable de prendre le soleil le matin ou l’après-midi. A 15 h, il suffit d’exposer son visage, ses mains et ses bras pendant dix minutes, alors qu’on ne risque le coup de soleil qu’après 30 à 90 minutes, selon sa peau. Au cours de l’été, une exposition normale suffit donc, sans avoir besoin de prendre des mesures particulières. L’étude de l’OFSP montre en revanche que, à la fin de l’automne, en hiver et au début du printemps, le soleil est trop faible. Le niveau en vitamine D de la population peut alors se trouver sous la valeur recommandée.
Sébastien Sautebin