Transpirer sur les pistes, se refroidir dans la file d’attente, être frigorifié sur le remonte-pentes et… suer à nouveau dans la descente! Cette spirale infernale, les skieurs et les snowboardeurs la connaissent bien. Or, face aux morsures de l’hiver, c’est l’habit qui fait le sportif. Et dans le rôle de la seconde peau, le sous-vêtement thermique s’avère un atout majeur.
Si la première chose qu’on lui demande est de garder la chaleur, le maillot doit également venir rapidement à bout de la transpiration. Et, dans ce domaine, un sous-pull en coton ne sert pas à grand-chose. «Le coton réagit comme une éponge, remarque Markus Weder, expert en vêtements à l’Empa (Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche), à Saint-Gall. Ce tissu absorbe très bien l’humidité, mais il la garde au lieu de l’évacuer vers les autres couches de vêtements», ajoute-t-il.
Vive le synthétique!
A l’inverse, les tissus synthétiques ont des avantages certains à faire valoir dans ce domaine. Grâce à un savant mélange de fibres, traitées par un procédé chimique, les fabricants ont développé des vêtements «high-tech» censés maintenir le corps à une température idéale et mieux évacuer la sueur. Car même si un maillot n’empêchera jamais de transpirer, il peut atténuer le phénomène et procurer une sensation plus agréable.
Pour se faire une idée de la qualité des articles disponibles sur le marché, Bon à Savoir a acheté dix sous-pulls pour l’hiver des marques les plus vendues et des marques propres aux distributeurs et a demandé à l’Empa de tester leur action. Conviennent-ils en hiver? Répondent-ils aux attentes en matière de régulation de température et d’évacuation de la sueur?
Pour pouvoir répondre à de telles questions, l’Empa a développé spécialement un tronc de mannequin. «C’est devenu un torse particulier qui imite la transpiration sous forme de vapeur et d’eau», explique Markus Weder. Grâce à ce mannequin, on atteint un climat (soit chaleur + sueur) très proche de celui de la peau lors de la pratique d’une activité sportive.
Qualité à bon prix
Les maillots des marques Löffler, Colonial et Jockey se sont distingués dans les tests d’évacuation de l’humidité, d’isolation thermique et la compatibilité avec une utilisation estivale. Ce dernier point étant un critère annexe, nous ne lui avons accordé que peu d’importance (5%) dans l’appréciation finale. A relever que, si le modèle le mieux noté du test est aussi un des plus chers (Löffler, 57 fr.), les deuxième et troisième figurent parmi les meilleur marché (Colonial, 39,90 fr. et K-Tec, 35 fr.).
Le sous-vêtement M-Thermic (plus en vente depuis le début de l’année) s’est également montré efficace en matière de séchage de la peau. Mais il a obtenu des résultats nettement moins bons pour l’isolation. Cette liquette peut donc tout de même convenir aux skieurs sportifs et peu frileux.
Etiquettes trompeuses
En revanche, les articles des marques Big Bear, Odlo et Falke n’obtiennent que des résultats modestes, voire mauvais pour le modèle de Helly Hansen, en ce qui concerne l’évacuation de la transpiration. Ils n’ont pas pu recueillir toute la sueur – une partie de l’eau tombait goutte à goutte au sol – alors que les sous-pulls les mieux notés étaient secs en fin de test.
Interrogée sur ce résultat, Andrea Niss, responsable de production chez Odlo, souligne que, pour une activité intensive, il aurait fallu choisir un maillot de la ligne «light». Or, ni les inscriptions sur l’emballage du modèle testé, qui appartient à la gamme «chaude», ni les conseils fournis par le vendeur ne laissent entendre qu’il est insuffisant pour la pratique du ski ou du snowboard. En effet, des phrases comme «sous-vêtement hautement technique pour tous les sports» ou «bon transfert d’humidité» ressemblent à des promesses de qualité dans ce domaine.
Même type d’explication de la part de Simone Bolsiger d’Helly Hansen. Selon elle, nous aurions dû choisir le modèle Lifa Prowool, qui convient mieux en hiver que celui testé. En tant que vêtement conçu pour toutes les saisons, le Lifa Sport ne pourrait selon elle «jamais obtenir de bons résultats, ni pour l’été ni pour l’hiver». Mais, là aussi, l’emballage est trompeur: on y découvre des pictogrammes de snowboard et de ski hors piste. Nos résultats confirment d’ailleurs doublement les déclarations de Simone Bolsiger, puisque ce sous-vêtement ne convient pas non plus à une utilisation estivale... Le problème semble provenir du tissu utilisé, du polypropylène, qui évacue mal l’humidité.
Autre activité intense, le ski de fond réclame quant à lui un sous-vêtement qui n’évacue pas immédiatement la sueur, car c’est elle qui permet au corps de se rafraîchir. En cas d’effort régulier, pendant lequel la température corporelle reste constante, la peau doit rester un peu humide. A l’exception de trois modèles (Helly Hansen, Odlo et Big Bear), tous les articles testés conviennent aussi à ce type d’activité.
Textiles à l’épreuve
Bon à Savoir a encore fait évaluer la qualité des textiles, auprès de l’institut spécia-
lisé Testex. Il a recherché si l’étoffe avait tendance à pelucher, si la couleur gardait son intensité malgré la transpiration et les lavages, si les sous-vêtements déteignaient et s’ils rétrécissaient.
Là, les fibres synthétiques ont montré de grandes faiblesses. Tous les modèles, excepté celui de Helly Hansen, sont enclins à pelucher. Le maillot M-Thermic a été mal noté au test de tenue des couleurs en contact avec la sueur. Ce modèle a également obtenu des résultats médiocres pour sa tenue, de même que le produit jumeau de Migros, Trevolution. Ces deux maillots ont en effet rétréci de plus de 10% dans la longueur. Autant dire qu’il vaut mieux prévenir ce problème en choisissant la taille au-dessus.
Enfin, voici quelques trucs et des conseils d’achat pour profiter pleinement des sous-vêtements thermiques:
- Ils doivent être portés à même la peau. Sinon, les fibres synthétiques ne pourront pas remplir leur fonction en matière d’évacuation de la transpiration.
- Les modèles pour hommes et pour femmes sont identiques, exceptés dans leur coupe.
- Avant de les porter la première fois, les maillots doivent être lavés.
- Il existe des sous-vêtements lavables à haute température. D’autres, comme ceux d’Odlo et de Jockey, sont traités de manière à offrir un effet antibactérien (un point que nous n’avons pas testé).
- Ne pas utiliser d’adoucissant avec les vêtements thermiques: ce produit peut altérer les effets des fibres synthétiques.
- Ces vêtements sont traités chimiquement. Leurs propriétés spéciales peuvent cependant, au fil du temps, s’estomper au lavage.
Rolf Muntwyler / jf