S’offrir quelques séances de solarium avant les vacances pour exhiber un léger hâle dès les premiers jours de plage, c’est bon pour le moral. Mais penser que sa peau est ainsi préparée à bronzer sans danger est une illusion. Car le spectre des lampes à
UV est très différent du rayonnement solaire. La plupart diffusent surtout des UVA, qui provoquent un léger bronzage, mais ne protègent pas contre les UVB, responsables des coups de soleil.
Quant à la prévention des allergies solaires (lucites), un traitement par UV peut se révéler efficace. Mais sous contrôle médical et après exclusion d’autre diagnostics.
Inutile et dangereux
En s’additionnant aux expositions solaires, le solarium augmente sensiblement le risque de développer un cancer (voir encadré). Et les UVA accélèrent le vieillissement de la peau. Les dermatologues sont donc unanimes: il faut éviter cette charge d’UV supplémentaire ou, au moins, ne pas en abuser. «Douze séances par année et pas plus d’une fois par semaine, c’est la limite», estime Renato Panizzon, chef du service de dermatologie du CHUV.
En l’absence de base légale imposant des limites d’exposition, les instituts de beauté n’ont aucune obligation de réfréner leurs clients. En général, ils proposent des forfaits valables pour 5 à 10 séances, d’une durée standard, qui n’est pas forcément adaptée à tous les types de peau. Certains font pourtant preuve de professionnalisme. «Je fixe strictement la limite à dix séances par année, affirme Gladys Marti, esthéticienne et gérante de Esprit de Beauté à Lausanne. Mais rien n’empêche les gens d’aller ailleurs.»
Les inconditionnels peuvent, en effet, fréquenter les self-services aussi souvent qu’ils le désirent. Et à en croire les panneaux explicatifs affichés chez My Sun, à Lausanne, on pourrait s’allonger sans danger sous les lampes jusqu’à une fois par jour! «Les self-services devraient être interdits, estime le Dr Panizzon. La présence de professionnels est indispensable pour avertir les clients des risques et déceler d’éventuelles contre-indications.»
A défaut, il faut toujours:
• porter des lunettes de protection;
• éviter d’utiliser des produits cosmétiques (déodorant, crème et parfum) avant la séance;
• stopper immédiatement l’exposition à l’apparition d’une réaction cutanée.
Et les personnes suivantes doivent éviter le solarium:
• les enfants de moins de 13 ans;
• les personnes qui ont déjà développé un cancer de la peau, ou dont un proche a souffert de la maladie;
• celles qui ont la peau claire et présentent donc un risque accru de cancer;
• celles qui prennent des médicaments, même sans ordonnance. Ils peuvent augmenter la sensibilité aux UV. Le conseil d’un médecin est donc indispensable;
• et enfin, les personnes qui ont plus de cinquante grains de beauté.
Auto-bronzants
En hâlant la peau, les crèmes auto-bronzantes donnent, tout comme le solarium, une fausse sensation de sécurité. En réalité, ce léger bronzage ne procure aucune protection contre les UV. Les cellules superficielles de la peau se colorent grâce à une réaction chimique, qui n’a rien à voir avec une pigmentation naturelle.
La seule manière d’habituer sa peau au soleil est donc de s’exposer progressivement, couvert d’une bonne crème solaire, en évitant les heures les plus chaudes.
Sophie Reymondin
dangereux abus
Séances trop fréquentes
Avec 1200 mélanomes diagnostiqués par année, la Suisse détient, en Europe, un triste record. Et le soleil n’est pas seul en cause. La fréquentation des solariums — par 13% de la population âgée de 15 à 64 ans — contribue aussi à ce phénomène. Selon une étude de l’Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Bâle (ISPM), les adeptes du soleil artificiel s’exposent trop souvent et trop longtemps. Il s’agit surtout de jeunes femmes, à la peau claire, ce qui constitue un facteur de risque supplémentaire.
Les instituts de solarium ont tendance à minimiser l’intensité du rayonnement des appareils à bronzer.
En réalité, 15 minutes sous les lampes équivalent à
un bain de soleil d’envi-
ron une heure en plein été, à midi, sans protection solaire!
L’absence de bases légales concernant le temps d’exposition conduit à un dépassement fréquent des durées maximales conseillées. C’est pourquoi l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) prévoit d’élaborer des instructions concernant les appareils à bronzer.