Depuis 2008, Stefan Meierhans fait feu de tout bois pour rendre la Suisse moins chère. Un travail d’Hercule que le Surveillant des prix mène avec ferveur et, parfois, avec succès. Mais ses déconvenues récentes rappellent qui tient le couteau par le manche dans ce pays. En investiguant sur les marges abusives des produits bio dans la grande distribution, le Saint-gallois s’est heurté à deux colosses: Migros et Coop, les plus grands employeurs privés de Suisse avec près de 100 000 salariés chacun. Et ils ont fait main basse sur le commerce de détail, en totalisant près de 70% des parts de marché.
Face à ces deux Goliath, Monsieur Prix avait le rôle d’un David, certes courageux et motivé, mais dépourvu d’armes efficaces pour les faire fléchir. Les distributeurs ont donc multiplié les obstacles et refusé de lui communiquer des données actualisées sur leurs marges. Surtout, ils ont exclu tout geste en faveur des consommateurs, refusant catégoriquement la proposition de Stefan Meierhans de modérer leurs marges sur certains articles bio au prix élevé. Faute d’avoir obtenu la moindre concession, le Surveillant des prix, un peu sonné, a dû se contenter de promettre qu’il «continuera à suivre le dossier de près».
Les Goliath continueront, eux, de faire comme bon leur semble avec le bio. Les consommateurs disposent, néanmoins, d’une petite marge de manœuvre. Notre Observatoire des prix (lire ici) inclut dix produits bio. Lors de notre dernier relevé, ces marchandises étaient, en moyenne, 29% plus chères chez Coop et 13% chez Migros que chez Aldi et Lidl, qui terminent, à quelques centimes près, à égalité. Et ces écarts ne sont, la plupart du temps, pas liés à leur origine. Le lait, les pommes, les pommes de terre ou encore la viande hachée de bœuf provenaient tous d’exploitations suisses. On peut donc acheter du bio de qualité similaire, mais à des prix moins élevés. A condition de choisir la bonne enseigne.
Sébastien Sautebin