Aucun des 18 produits alimentaires sucrés analysés n’échappent à la règle: ils renferment tous des nanoparticules! C’est le résultat alarmant d’une enquête menée par nos confrères du magazine français 60 millions de consommateurs. Le phénomène touche aussi bien les desserts glacés, les bonbons que les biscuits. A chaque fois, l’analyse a confirmé la présence de particules de dioxyde de titane – identifiable par le code E171 – sous une forme nano (dix millionièmes de mètre).
Et le principe de précaution?
Utilisé principalement comme blanchissant et comme opacifiant, le dioxyde de titane s’invite décidément partout: cosmétiques, crèmes solaires, aliments, etc. Le hic, c’est que son innocuité est de moins en moins évidente, comme l’a démontré une récente étude de l’Institut national de recherche agronomique (INRA) en France (lire «Haro sur le E171»). Des expériences menées sur les rats montrent que le dioxyde de titane provoque des troubles du système immunitaire et des lésions précancéreuses du colon.
Cette étude ne permet certes pas de tirer des conclusions directes pour l’homme, mais elle devrait inciter les autorités sanitaires à appliquer le principe de précaution. Ce qui n’est, hélas, pas encore le cas, ni en Europe ni en Suisse.
Etiquetage lacunaire
Comme toutes les substances sous forme nano, l’E171 présente un risque supplémentaire: il peut franchir les barrières de protection de notre organisme pour s’inviter dans le sang et s’accumuler dans le foie et d’autres organes. Selon le règlement européen sur l’information au consommateur (Inco), la mention «nano» devrait figurer avant le nom de chaque ingrédient utilisé sous cette forme. Et pourtant, aucun des dix-huit produits épinglés par 60 millions de consommateurs ne l’affichent sur leur étiquette!
En Suisse, la législation a évolué au 1er mai 2017. «Si les ingrédients se présentent sous forme de nanomatériaux manufacturés, le mot nano doit être ajouté entre crochets dans les listes des ingrédients», précise Nathalie Rochat, porte-parole de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV). Mais comme les fabricants ont un délai transitoire de quatre ans pour mettre leur emballage en conformité, le consommateur devra encore patienter avant d’avoir une information transparente.
Yves-Noël Grin