Gants, bonnet, chaussures de ski et on en passe. Parés pour dévaler les pentes? Reste à charger la voiture et à prendre la route d’une station de sports d’hiver. A moins de choisir les transports publics. Mais, pour une seule journée de glisse, est-ce bien raisonnable? Pour le savoir, nous avons enquêté sur la facilité d’accès des domaines skiables de Suisse romande. Le bilan d’ensemble est positif, mais mieux vaut bien choisir sa destination: si certains sites semblent avoir été pensés pour les transports publics, d’autres exigent de la patience et de l’énergie (voir tableau).
Charger et décharger son matériel à plusieurs reprises peut vite s’avérer décourageant. De même que marcher dix ou quinze minutes, avec armes et bagages, de la gare ou de l’arrêt de bus jusqu’au départ des remontées mécaniques. Pour que le jeu en vaille la chandelle, il faut donc que la distance à parcourir soit courte (1), la fréquence des liaisons suffisante (2) et le nombre de changements aussi faible que possible (3). Les plus matinaux doivent pouvoir arriver à l’ouverture des remontées mécaniques (4). Enfin, le prix du train additionné à celui du forfait est parfois carabiné. Il peut donc être intéressant de choisir une station qui offre une réduction sur les billets combinés Snow&Rail (5).
Possible, mais pas toujours facile
Nouvelle réjouissante: sur les 71 domaines skiables de Suisse romande, 55 sont accessibles avec les transports publics (77%). Et, dans 58% des destinations, l’arrêt du train, du bus ou de la navette est à 300 m ou moins du départ des remontées mécaniques. Un résultat d’autant plus positif que les sites inaccessibles sont, en majorité, des lieux disposant d’un unique téléski, à l’exception des petites stations de Rathvel (FR) et Vichères/Liddes (VS), qui en possèdent plusieurs. Elles n’envisagent pas, à l’heure actuelle, de mettre en place un système de navettes jusqu’au pied des pistes. Quant à celles de La Berra (FR), Le Pâquier et Les Bugnenets (NE), elles offrent un service de «skibus», mais uniquement le mercredi après-midi et le week-end.
La fréquence des liaisons, quant à elle, est bonne dans 33 des 55 stations accessibles (60%), avec un trajet toutes les heures. Seules huit (15%) ne proposent qu’un ou deux trajets par demi-journée: mieux vaut bien regarder l’horaire à l’avance, notamment pour le retour. A noter que, dans quatre cas, il n’est pas possible d’arriver à l’ouverture des pistes et que, dans quatre autres, on doit se pointer une heure à l’avance au moins.
Valse d’un bus à l’autre
Les choses se gâtent un peu lorsqu’on tient compte du nombre de changements: seules 20 destinations sur 55 (36%) ont un accès direct à une ligne de train principale, et ne nécessitent donc qu’un transbordement. Dans quatre cas, il faut même changer trois fois de moyens de transport, bus navette inclus.
Une fois sur place, les choses se compliquent encore. A Leysin, l’amateur de glisse débarque à la gare avec le choix de marcher 800 m ou de patienter 30 minutes pour prendre la navette qui conduit à la télécabine. Aux Diablerets, pas de «skibus» pour accueillir celui qui arrive avec le premier train du matin et se dirige vers le domaine d’Isenau. A Crans-Montana enfin, un funiculaire relie directement Sierre au Haut-Plateau en 12 minutes. Le hic? La gare de départ est à 300 m de celle de Sierre, et celle d’arrivée trop loin des remontées mécaniques. Le skieur est alors réduit à attendre une navette qui n’est pas synchronisée avec les arrivées du funiculaire, ou à prendre un bus depuis la vallée.
Loin des bouchons
Prendre les transports publics pour se rendre sur les pistes ne présente pas, pour autant, que des inconvénients. En plus de limiter les émissions de CO2, un retour en train permet souvent d’éviter les bouchons du dimanche soir, notamment sur l’autoroute qui ramène du Valais vers le bassin lémanique. Autres petits plaisirs réservés à ceux qui renoncent à la voiture: parcourir un grand domaine skiable d’un bout à l’autre sans retourner au point de départ. Ou s’offrir, pour la dernière descente, une escapade hors des sentiers battus vers une gare ou un arrêt de CarPostal à l’écart des pistes, en veillant à avoir l’équipement requis.
Le train peut aussi, dans certains cas, être une bonne affaire pour le portemonnaie. En partenariat avec les CFF, une dizaine de destinations offrent un rabais à l’achat d’un trajet en train combiné à un forfait de ski. Les détenteurs d’un abonnement général bénéficient, eux d’un rabais de 20% dans ces mêmes stations, à condition d’acheter leur forfait dans une gare CFF avant d’arriver sur place.
Vincent Cherpillod
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