La Fiat Doblò Combi de Muriel Giller, de Chesalles-sur-Oron (VD), est-elle une voiture de tourisme ou un véhicule utilitaire? Impossible à dire au premier coup d’œil. En général, les véhicules professionnels sont rudimentaires, les constructeurs mettant l’accent sur les aspects pratiques, plutôt que sur le confort et l’apparence.
Seulement voilà, le Doblò Combi Swiss L2 de notre lectrice est quelque peu hybride au sens où, d’un côté, il est doté d’un habitacle relativement cossu, moquetté et vitré, permettant à cinq passagers de voyager confortablement. Mais, de l’autre, il possède aussi une très grande capacité de chargement, une fois les sièges retirés. Notre lectrice recherchait, en effet, une voiture de tous les jours pour se rendre au travail et un véhicule suffisamment long pour charger sa moto de 600 cm3, au guidon de laquelle elle tourne sur les circuits étrangers plusieurs fois par année.
Tout est plus cher
Elle affirme que le garagiste lui a assuré – hélas oralement – que sa Doblò serait homologuée à coup sûr en «véhicule de tourisme». Or, le Service des automobiles d’Aigle en a décidé autrement et l’a mise dans la case «véhicule de livraison». La différence n’est pas que sémantique. Dans le canton de Vaud, la taxe d’immatriculation est en fonction de la puissance et du poids total (poids à vide, plus charge utile) du véhicule. Or, le «poids total» étant plus important pour ce genre de voiture (2270 kg), la facture s’en trouve également alourdie, d’environ 80 fr., en l’occurrence.
D’autre part, et c’est plus gênant, les primes des assurances responsabilité civile et casco sont notablement plus élevées pour les véhicules homologués «voiture de livraison». Cela du fait qu’ils font partie d’un groupe à risques qui, statistiquement, provoque et subit plus de dommages. A Zurich Connect, la différence avoisine
300 fr. selon nos simulations. A La Mobilière, le surcoût est de 180 fr. par rapport au modèle familial (Fiat Doblò Dynamic 1,6 MJ 105 CV).
Enfin, les pneus renforcés de 16 pouces qui équipent le véhicule de Muriel Giller coûtent également plus cher. Tout compte fait, si elle avait eu ces informations à l’avance, elle aurait acheté un modèle d’une autre marque, affirme-t-elle, par exemple un VW Caddy, dont elle est sûre qu’il existe en version familiale.
Interpellé, le Garage RG Automobiles, à Bulle, conteste la version de notre lectrice et se dégage de toute responsabilité. Selon le directeur, Jean-Bernard Menoud, Muriel Giller a choisi un véhicule professionnel en connaissance de cause, profitant d’un rabais conséquent offert, à l’époque, sur tous les utilitaires Fiat. En effet, son Doblò Combi n’est visible que sur le site «fiatprofessional.ch», alors que les modèles familiaux apparaissent sur le site «fiat.ch», fait-il valoir. La marque précise que, lors de la commande, les véhicules professionnels de Fiat sont identifiés par un code commençant par 263, alors que le chiffre 152 signifie voiture de tourisme, empêchant toute méprise.
Il n’empêche que le garage admet être intervenu après coup au Service des autos, dans l’espoir de modifier la carte grise, preuve que les choses n’étaient pas si claires au moment de la vente. Au Service des automobiles et de la navigation (SAN) du canton de Vaud, confirmation nous a été donnée que la Fiat Doblò en question est bel et bien, à la base, une voiture de livraison, quand bien même elle a été modifiée pour une utilisation privée avec le rajout de trois sièges notamment.
Demander une garantie écrite
Il apparaît dès lors que, pour certains modèles, il n’est pas possible de savoir à l’avance – avec certitude – si son auto sera rangée dans la catégorie des véhicules de tourisme, des voitures de livraison, voire des camping-cars. Les experts du SAN se réfèrent à une liste de l’Office fédéral des routes qui, lui-même, se fonde sur les données du constructeur. Une fois le permis de circulation délivré, il n’existe aucune voie de recours. Le seul moyen de se prémunir des mauvaises surprises est d’obtenir une garantie écrite du constructeur. En l’occurrence, Muriel Giller a écrit plusieurs courriers à Fiat, sans jamais obtenir de réponse consistante…
Philippe Chevalier