En 2012, quelque 4,5 millions de ménages possédaient un téléphone fixe en Suisse, selon l’Office fédéral de la statistique (OFS). Une grande partie de ces raccordements appartiennent encore à Swisscom. L’ancienne régie facture depuis des décennies l’abonnement mensuel entre 25.25 fr. et 25.35 fr. selon les offres, soit le maximum légal autorisé. Les concurrents ne font guère mieux: la même prestation coûte ainsi 25 fr. chez Sunrise.
En comparaison internationale, ces tarifs sont, une fois de plus, nettement au-dessus de la moyenne. En Autriche, l’abonnement mensuel à Tele 2 ne coûte ainsi que 14.80 fr. Selon le relevé que nous avons effectué dans les pays voisins, la Suisse reste la plus gourmande (voir tarifs).
Ces prix particulièrement élevés s’expliquent par le dégroupage du dernier kilomètre (lire encadré). A la suite de la libéralisation du marché pour les raccordements d’abonnés, les autorités avaient effectivement autorisé Swisscom à facturer une taxe à ses concurrents. Elle a été fixée à 15.20 fr. pour 2013 par l’autorité indépendante de régulation du marché des télécommunications, la Commission de la communication (ComCom).
Baisse pas répercutée
Or, l’organe fédéral effectue ses calculs comme si le réseau de Swisscom devait être reconstruit à neuf. Dans les faits, il a pourtant été amorti depuis longtemps par les abonnés. La ComCom base par ailleurs son estimation sur le prix des anciens câbles de cuivre, particulièrement chers, alors que les opérateurs travaillent actuellement presque exclusivement avec des fibres de verre, nettement plus avantageuses!
Le tarif du dégroupage a malgré tout baissé au fil des années. Il est ainsi passé de 18.18 fr. en 2008 à 15.20 fr. en 2013, soit près 16% de moins. Les opérateurs ne se sont pas laissé impressionner pour autant et cette diminution n’a pas été répercutée sur les prix des raccordements, qui avoisinent toujours 25 fr.
Pour se défendre, les compagnies font valoir que la qualité a un coût. «Depuis l’an 2000, Swisscom a investi des centaines de millions de francs dans l’extension du réseau», fait valoir le porte-parole de l’entreprise, Sepp Huber. Un montant certainement inférieur au bénéfice du groupe qui, malgré une contraction de 6,6%, s’est encore élevé à 1,69 milliard de francs en 2013.
Christian Birmele / chr
Bonus web:l'histoire du dégroupage