Saviez-vous qu’aujourd’hui encore, à l’heure de la préservation de la sphère privée, les services des automobiles sont disposés à renseigner n’importe qui sur le propriétaire d’un véhicule? Pour les voitures fribourgeoises, neuchâteloises et valaisannes, il suffit simplement de visiter le site officiel du service des autos. On y entre le numéro de plaques du véhicule, et le nom et l’adresse de son propriétaire apparaissent aussitôt.
Risques de dérives
Pour tracer le détenteur d’une voiture bernoise ou genevoise, pas d’annuaire en ligne, mais un service de renseignement par SMS surtaxé (voir tableau ci-dessous). Seuls les cantons de Vaud et du Jura se montrent plus dissuasifs, en exigeant une demande écrite et le paiement préalable d’un émolument. Dans tous les cas, il n’est pas nécessaire d’invoquer de justes motifs pour effectuer une telle recherche.
Pratique pour contacter le propriétaire d’un véhicule garé sur une place de parc privée, ce service de renseignement prend aujourd’hui une ampleur nouvelle. En effet, il est possible d’accéder aux fichiers via les téléphones mobiles connectés à internet. Sur l’iPhone, il existe même des applications permettant d’obtenir instantanément le numéro de téléphone du propriétaire de la voiture (si celui-ci est inscrit dans l’annuaire téléphonique). Une fois le numéro de plaques saisi, vous pouvez donc immédiatement appeler l’automobiliste, par exemple pour lui demander de se rabattre sur la droite en pleine autoroute!
Le Préposé fédéral à la protection des données déplore la facilité d’accès à ces renseignements. Parmi les dérives possibles: les cambrioleurs qui peuvent aisément localiser l’adresse des automobilistes absents de leur domicile, les concessionnaires qui souhaitent démarcher les propriétaires d’une marque en particulier. Pour réduire les risques de harcèlement nocturne, quelques cantons ne renseignent pas après 22 h.
Devenir invisible
Les personnes qui le désirent ont le droit de se faire rayer du fichier d’adresses accessible au grand public. Une simple demande écrite suffit. Mais les cantons de Fribourg et de Neuchâtel exigent que la demande de suppression soit motivée (voir tableau). Pour Fribourg, il s’agit d’une simple formalité, mais pas à Neuchâtel. Ce dernier canton se montre très restrictif. Seuls les cas avérés de menace de la sphère privée sont pris en compte.
Yves-Alain Cornu
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