Les 12 coups de minuit ont sonné depuis longtemps lorsque l’Intercity 734 entre en gare de Genève, le 22 mars dernier. En raison d’un problème technique, le convoi a 50 minutes de retard. Soit juste assez pour que l’un de nos lecteurs genevois voie le dernier bus pour Champel lui filer sous le nez. Ereinté par un voyage de 5 h, et plus de toute première jeunesse, il n’est guère enchanté par la perspective d’arpenter à pied, en pleine nuit, les 2,5 km qui le séparent de son domicile. Il termine donc son périple en taxi, non sans s’étonner du manque de considération des CFF, qui ont refusé de lui octroyer le moindre dédommagement. «Dans pareil cas, ne sont-ils pas tenus de participer aux frais?», s’étonne notre lecteur.
Le taxi remboursé si…
A première vue, la Loi sur le transport de voyageurs (LTV) semble lui donner raison. Elle dit, en effet, que l’entreprise doit répondre du dommage résultant de l’inobservation de l’horaire, lorsque le retard entraîne, pour le voyageur, la rupture de la dernière correspondance possible dans la journée. Cette disposition est d’ailleurs reprise par laréglementation des CFF: dans pareil cas, l’ex-régie fédérale paie soit une nuit d’hôtel (jusqu’à un maximum de 150 fr.), soit une course en taxi jusqu’à concurrence du même montant. Cependant, cette clause n’est valable que jusqu’à la destination finale indiquée sur le billet. Soit, pour notre lecteur, la gare Cornavin de Genève. Peu importe, ensuite, qu’il habite à 100 m ou à 10 km de ladite gare, et rate le dernier bus qui devait le ramener à la maison.
City-Ticket méconnu
Il existe pourtant une solution, qui ne manquera pas de surprendre même les usagers les plus réguliers des CFF: les titulaires d’un abonnement général (AG) ou de l’abonnement d’une communauté tarifaire, par exemple Mobilis pour le canton de Vaud, sont, eux, éligibles pour obtenir un dédommagement. Si le retard du train leur fait manquer leur dernier bus, ils peuvent obtenir le remboursement du trajet en taxi jusqu’à l’arrêt le plus proche de leur domicile! Cette solution est également offerte à ceux qui achètent un billet de train, à condition qu’il comprenne un «City Ticket», c’est à dire un supplément qui permet d’emprunter les bus urbains d’une ville sans ticket complémentaire. Selon la porte-parole des CFF Donatella Del Vecchio, notre lecteur se serait, ainsi, fait rembourser sa course en taxi s’il avait été porteur d’un billet Zurich-Genève + City Ticket Genève. Un tel supplément peut être acheté tant aux guichets qu’aux automates, ou encore sur le «Ticket Shop» des CFF.
Point de salut pour l’avion manqué
Quant au retard de 50 minutes en lui-même, il n’est pas suffisant pour prétendre à un dédommagement. Il faut, en effet, qu'il atteigne ou dépasse une heure pleine pour que les CFF distribuent un bon d’achat d’une valeur de 10 fr. (2e classe) ou 15 fr. (1ère classe) – et uniquement sur les trains «grandes lignes» (IC ou ICN). Aucun dédommagement non plus si le retard entraine une cascade de frais: avion manqué, billet de spectacle perdu... Une jeune soliste, lectrice de Bon à Savoir, en a d’ailleurs fait les frais fin 2014: suite au gros retard de son train, elle n’a pas pu se rendre à la répétition générale d’un concert pour lequel elle avait été engagée. Son absence a entrainé l’annulation de sa prestation et de ses honoraires, perte que les CFF n’ont pas dédommagée.
Vincent Cherpillod