«Quand on est né ici, on imagine difficilement vivre ailleurs», résume Isabelle Guion. Pour comprendre l’attachement de la jeune femme à son coin de terre, il suffit de regarder par la fenêtre de la maison familiale à Chenaux, dans Lavaux. Au-delà des vignes, la vue embrasse le Léman jusqu’à l’embouchure du Rhône. Comment, en effet, quitter un tel cadre?
La jeune femme et son mari, Vincent, n’ont donc pas hésité longtemps quand les parents d’Isabelle ont proposé de leur laisser la bâtisse. Ne restait alors plus qu’à moderniser l’habitation pour accueillir le couple et ses enfants, Arthur et Louise. Isabelle a aussi prévu d’y installer son atelier de courtepointière et Vincent, qui a repris l’exploitation viticole de son beau-père, souhaite y héberger le personnel engagé pour les vendanges.
Plus facile à dire qu’à faire! La maison vigneronne érigée au 18e siècle a déjà subi plusieurs transformations au fil des ans. Il s’agit cette fois de lui faire franchir le cap du 21e siècle. Et, si les deux logements de 60 m2 des 1er et 2e étages ont suffi aux parents et aux grands-parents d’Isabelle, ils ne répondent plus aux besoins d’une famille aujourd’hui.
Plusieurs options se présentent: rénover le haut, rénover le bas… ou tout transformer. Mais, dans ce cas, comment financer de tels travaux?
Deux appartements
Il a fallu au jeune couple plusieurs séances avec l’atelier AAS Architecture SA à Vevey pour prendre sa décision: à part les poutres structurelles des étages, le bâtiment sera vidé de fond en comble et entièrement rénové. Le rez et les combles seront aménagés et isolés, ce qui permettra de créer deux appartements en duplex. Au rez, la petite annexe qui avait servi jadis de «boîton» aux cochons va être entièrement transformée et agrandie, formant ainsi une grande terrasse pour le 1er étage.
Les Guion occuperont l’appartement du bas, celui du haut étant loué pour supporter une partie de la rénovation facturée, après déductions, 710 250 fr. (voir tableau).
«Nous avons opté pour une isolation de toute l’enveloppe du bâtiment, ce qui nous a permis de solliciter l’aide maximale de la Fondation centime climatique», explique l’architecte Yolande Delgado (lire encadré). Très contraignante au premier abord, la configuration de la maison, peu profonde et large, a permis d’orienter toutes les pièces de vie au sud, sur le lac.
Le rez agrandi accueille, à l’arrière, une douche et les locaux techniques. Côté sud, la cuisine, le coin à manger et le salon s’ouvrent sur une grande baie vitrée. Isabelle a installé son atelier à côté. Les trois chambres à coucher d’Arthur, de Louise et de leurs parents ainsi qu’une salle de bain, se trouvent au 1er étage, sur la terrasse.
Au deuxième et dans une partie des combles, un appartement indépendant de trois pièces en duplex sera loué. Atout supplémentaire, une nouvelle fenêtre verticale ouvre la cuisine sur le paysage. Le reste des combles sert de galetas à la famille Guion.
Intégré au paysage
Pour profiter au maximum de la vue et de la lumière, on a opté pour de nouvelles fenêtres d’un seul battant, sans croisillons. Et pour des cadres de bois gris, plus discrets que s’ils étaient blancs. Gris également, le béton apparent de l’annexe se patinera au fil des ans pour se fondre dans le paysage, tout en gardant son caractère contemporain.
«Transformer un tel volume sans dépasser le budget fixé n’autorisait aucune folie dans le choix des matériaux», relève Yolande Delgado. Pas de luxe donc dans les cuisines, les sanitaires, ni les revêtements des sols. Vincent Guion et son beau-père n’ont pas hésité non plus à retrousser souvent les manches, ce qui a permis de diminuer la facture de 82 700 fr.
La famille a pu emménager comme prévu en juillet 2009: le budget et le calendrier ont été respectés. Et, cet été, les couchers de soleil ont eu davantage de succès que les séries télévisées!
Claire Houriet Rime
BONUSWEB: photos du chantier
Coup de pouce énergique
La Fondation centime climatique (FCC) vise à réduire les émissions de CO2 en subventionnant l’isolation lors de rénovations. Elle est financée par une redevance de 1,5 centime par litre prélevée sur toutes les importations d’essence et de diesel.
Pour l’octroi de cette subvention, il est impératif d’isoler deux éléments au moins de l’enveloppe du bâtiment: les fenêtres, les murs et le toit. Le coup de pouce est proportionnel à la surface isolée. Les Guion ont déposé leur demande en 2008. Ils ont obtenu une aide de la FCC de 30 fr. par m2, auquel s’ajoute un bonus de 10 fr. pour la «totale» (fenêtres, façades et toit), soit 40 fr. en tout. A noter que les cantons doublent ce coup de pouce en 2009.
«On estime le prix d’une rénovation de façade à 200 fr. le m, 220 fr. si elle est bien isolée. L’opération est donc rentable», explique Blaise Bourban, ingénieur à Enerconseil.
Davantage d’informations sur www.fondationcentimeclimatique.ch