A plusieurs reprises, Bon à Savoir a mis en garde contre Viagogo, basé à Genève. De nombreux internautes pensent à tort qu’il s’agit d’un site de vente officiel de billets de concert, sport, théâtre, etc, et se font vider les poches. Deux jeunes apprentis, qui voulaient faire un cadeau à leur maman, ont, par exemple, payé à un vendeur privé 614 fr. pour deux entrées à un concert de Renaud, alors que le prix de vente officiel pour ces places était de 55 fr. pièce. Les billets ont coûté 230 fr. chacun, auxquels se sont ajoutés 128 fr. (!) de «frais de réservation».
Les deux ados ne sont pas les seuls à y avoir laissé des plumes. Le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) a enregistré reçu plus de 260 plaintes, dont une bonne partie de l’étranger, ce qui a incité les fonctionnaires fédéraux à sortir de leur léthargie, et déposer une action civile au tribunal. Cette dernière exige que Viagogo indique clairement le prix final, TVA et frais de service / livraison inclus. De plus, le site doit spécifier qu’il est une plateforme de revente entre particuliers.
La Suisse très permissive
C'est une action bienvenue, mais pas moins minimaliste. En France, par exemple, une loi de 2012 interdit la revente de billets en dehors des points agréés par le producteur de spectacle.
Chez nous, point d’interdiction. Le Conseil fédéral et le Parlement s’y opposent farouchement. En 2010, la socialiste Hildegard Fässler-Osterwalder a interpellé le gouvernement sur les sites suisses qui vendent des places à des prix surfaits pour des manifestations complètes. En 2014, une motion de l’UDC Sebastian Frehner demandait que la revente de billets à prix majorés soit interdite. Et en 2015, c’est le libéral-radical Olivier Feller qui déposait un postulat visant à sanctionner la vente de billets sans l’autorisation de l’organisateur et à des prix surfaits.
A chaque fois, le Conseil fédéral a mis les pieds au mur, estimant «que le fait de restreindre la revente de biens acquis de plein droit est contraire aux principes fondamentaux de la libre concurrence, de la liberté économique et de la garantie de la propriété». Il est aussi d'avis que les Suisses sont responsables s’ils se font avoir: «Il revient à chacun de juger du prix qu’il est prêt à payer pour participer à une manifestation, que ce prix soit surfait ou non.»
De leur côté, certains organisateurs ont décidé de vendre des billets nominatifs. Ce qui n'est pas sans poser problème aux acheteurs qui ne peuvent plus transmettre leur entrée en cas d'empêchement.
Sébastien Sautebin